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Crédit photo : Deux Minutes Trente
Avec un nom pareil, Goldwave met cartes sur table et assume clairement ses influences. Coldwave est un terme servant à décrire un sous-genre de la musique post-punk. Le mot a été souvent utilisé pour décrire la scène gothique des années 80, plus particulièrement la scène musicale française. Une musique froide et sombre (l’album Pornography de The Cure est un exemple typique du genre). Le post-punk est néanmoins réapparu au début 2000 avec le désormais classique Turn On The Bright Lights de Interpol, générant un véritable engouement pour le son de ces disciples de Joy Division. Toute une vague de d’artistes s’en inspirent (The Editors, She Wants Revenge, The National et White Lies). C’est directement dans cette lignée de la nouvelle vague post-punk indie que Goldwave, groupe de Caen en France, trouve ses racines. Avant même d’écouter la première pièce de l’album, on sait à quoi s’attendre. Et Goldwave livre la marchandise.
«Night Lights», première pièce de l’album, nous plonge directement dans l’ambiance annoncée. Distorsion de guitare et atmosphère brumeuse, suivie des rythmes et de la voix planante du chanteur. Goldwave s’inspire visiblement autant du shoegaze que du post-rock dans sa technique de superposition des nappes de son et les trémolos de guitare. On sent dans leur musique une grande attention aux textures, qui évoquent parfois le son de la scène post-punk britannique des années 80 (The Chameleons UK, Sad Lovers and Giants). Le chant évoque parfois la voix et le ton de Matt Berninger (chanteur de The National). Et même si quelques petits détails agacent l’oreille, comme un accent français qui bute sur certains mots anglais, on sent que les pièces sont chantées de manière honnête et pleine de d’émotion.
L’album s’enchaine avec «Sunshine», une des meilleures pièces avec ses passages de chant a cappella plus doux et ses éclats de guitares. Et après seulement cinq pièces, le EP prend fin. Il se termine en beauté avec 8th of November (pour lequel une vidéo a été réalisée avec un collage d’images du classique Wings of Desire du cinéaste allemand Wim Wenders). Cette pièce dramatique au rythme accéléré est le choix parfait pour clore le EP. Night Lights porte bien son titre. C’est un véritable clair obscur parfaitement maitrisé où cohabitent mélancolie et énergie.
Les membres de Goldwave n’ont que 22 ans et Night Lights est leur première œuvre. Ce premier opus est pourtant parfaitement abouti. Son seul défaut c’est d’être un EP et non pas un album complet. On sent toutefois que les gars de Goldwave ont volontairement choisi ce médium plus court par souci de perfection. Ici, pas de «remplissage», chaque pièce a sa place et vaut la peine d’être écoutée et réécoutée. Night Lights n’est qu’un avant-goût de ce que le groupe nous prépare. Ce premier EP fixe la barre haute et on attend leur premier album avec impatience.
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de la rédaction