«Muchacho» de Phosphorescent – Bible urbaine

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«Muchacho» de Phosphorescent

«Muchacho» de Phosphorescent

D’une richesse inouïe

Publié le 12 avril 2013 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : www.deadoceans.com

Originaire d’Alabama, Matthew Houck, alias Phosphorescent, nous propose déjà un sixième album, le magistral Muchacho. Alliant plusieurs saveurs musicales à l’intérieur de ses chansons, Houck réalise avec son dernier opus un travail d’une très rare beauté. Qui sait, peut-être est-ce enfin l’album qui le placera aux côtés de Bon Iver ou des Fleet Foxes? Cette place serait, bien honnêtement, fort méritée.

Si les premiers moments de l’album font grandement penser aux Foxes, Matthew Houck réussit à nous faire visiter des contrées musicales très variées tout au long du disque. En effet, comme entrée en matière, la pièce «Sun, Arise!», avec ses arrangements vocaux de type Brian Wilson, pourrait presque s’avérer un clin d’œil aux Fleet Foxes. Par la suite, c’est une autre histoire: Phosphorescent y va d’un majestueux cocktail composé d’ingrédients traditionnels folk, blues et country, donnant un son americana à son panorama musical extrêmement riche et naturel.

«Song for Zula», premier extrait, est une chanson où synthétiseur et arrangement de cordes créent une ambiance très aérée, avec un rythme imitant un battement de cœur pour nourrir le tout. Et quand Houck fredonne les premières paroles, on croirait entendre Bruce Springsteen sur «Streets of Philadelphia». La performance vocale du chanteur est particulièrement poignante, ce dernier révélant, résigné: «I will not open myself up this way again». Pourtant, c’est bien tout le contraire qui se produit lors de Muchacho: Houck y va d’introspections et de révélations tout au cours de l’album.

La très country «Terror in the Canyons», comme plusieurs autres pièces du disque, n’a pas besoin de refrain spectaculaire ou d’envolée dramatique pour émouvoir. «A Charm / A Blade», quant à elle, mélange piano et ensemble de cuivres aux sonorités très ensoleillées avec des vocaux gospels. Le résultat est puissant et rafraîchissant, et donne le goût de chanter en cœur avec les musiciens. «Ride On / Right On» est également une pièce plus festive où la mélodie rebondit avec son rythme plutôt simple et répétitif. Il s’agit probablement du moment le plus faible de Muchacho.

La deuxième moitié est, en grande partie, constituée de petites perles de chansons. Avec ses airs tristes agrémentés par une pedal steel et une délicate ligne de piano, «Muchacho’s Tune» est une petite valse country qui fera plaisir aux amateurs de Johnny Cash, avec un refrain qui va comme suit: «Like the shepherd to the lamb / Like the wave onto the land / I’ll fix myself up / To come and be with you». Houck se surpasse immédiatement avec la chanson suivante, «A New Anhedonia», lent morceau où les arrangements célestes progressent somptueusement. Encore une fois, les harmonies vocales y sont magnifiques.

«The Quotidian Beasts», à plus de sept minutes, est la chanson la plus rock du disque, avec ses nombreux jams entre les couplets qui donnent un peu l’effet d’un blizzard où s’entremêlent guitares, piano et harmonica dans une ambiance plus survoltée. S’ensuit «Down to Go», autre pièce où le talent de Houck pour la composition ressort de façon significative. Ici, Houck, encore une fois de façon très personnelle, confesse ses excès: «Hey can this kill me? / Hey, I don’t know / But I’ve been sure finding out». Du country solitaire un peu déprimant à son meilleur.

À l’intérieur de la pochette de l’album, on peut voir Matthew Houck sur le party, avec plusieurs bières sur la table et filles dans sa chambre d’hôtel. Toutefois, il semble qu’il ait plutôt écrit ses chansons au moment du réveil, alors que le soleil se lève, qu’il ne voit plus rien autour de lui, et avec  I’m so Lonesome I Could Cry» de Hank Williams jouant à la radio. Et Muchacho est sans contredit un cri du cœur qui pourrait se retrouver en haut de bien des listes à la fin de l’année 2013.

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