«Mauve» de Ringo Deathstarr: transcender ses influences – Bible urbaine

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«Mauve» de Ringo Deathstarr: transcender ses influences

«Mauve» de Ringo Deathstarr: transcender ses influences

Publié le 5 octobre 2012 par Louis-Jean Trudeau

Ringo Deathstarr! On n’avait pas vu un nom de band aussi brillant depuis The Shitty Beatles. Basé à Austin au Texas, le groupe est apparu sur le radar musical en 2007 avec un EP aux sonorités shoegaze britannique. Les comparaisons à My Bloody Valentine ont inévitablement suivi, pour le meilleur et pour le pire. Après un premier album complet et plusieurs changements d’alignement, Ringo Deathstarr effectue un retour en force avec Mauve, une nouvelle collection de chansons flirtant avec le noise et le rock alternatif.

En format trio depuis la parution de son dernier album, le groupe est maintenant co-mené par le guitariste Elliott Frazier et la bassiste Alex Gehring, les deux seuls membres issus de l’alignement original. Frazier chante d’une voix apathique mais plaisante, un peu comme Stephen Malkmus (Pavement). On note tout de suite un contraste intéressant avec la voix délicate et éthérée de Gehring; voix qui ne va pas sans rappeler Rachel Goswell, chanteuse du groupe culte Slowdive.

Mauve met de l’avant un rock shoegazien qui a gagné en vitesse et en efficacité. Propulsés par la batterie foudroyante de Daniel Coborn, la plupart des morceaux du disque sont plus expéditifs que sur Colour Trip. «Burn» détruit tout sur son passage, comme un b-side «punkifié» de My Bloody Valentine (encore eux). Le chant teinté de reverb de Gehring survole le fouillis de guitares ultra-distorsionnées et tente d’équilibrer le chaos avec un minimum de douceur.

L’influence du slacker alternatif des années 1990 se fait sentir dans plusieurs des pièces chantées par Frazier. Sur «Do You Wanna?» et «Slack», les mélodies vocales nonchalantes du chanteur se mèlent parfaitement aux riffs de guitares décapants, créant une symbiose bien fuzzy digne de Dinosaur Jr. «Please Don’t Kill Yourself» s’inscrit dans la même tradition d’indie rock insouciant, avec son instrumentation bourrée de fausses notes et son refrain contagieux.

Au centre de l’album, le trio ralenti la cadence le temps d’une poignée de chansons atmosphériques très surprenantes. Le dream pop aérien de «Brightest Star» est une réussite totale. Portée par la section rythmique et un bourdonnement de synthétiseur ambiant, la pièce laisse toute la place aux voix envoutantes de Frazier et Gehring avant de se désintégrer dans un nuage d’effets de guitare. Pour «Drag», le groupe délaisse complètement les pédales d’overdrive et nous offre un morceau riche en subtilités qui passe habilement de l’agréable au menaçant.

En élargissant leurs horizons, les membres de Ringo Deathstarr ont finalement réussi à transcender leurs influences. Mauve est un album varié et percutant qui prouve que le trio d’Austin est beaucoup plus qu’un groupe hommage à Creation Records. À découvrir pour les fans de The Pains of Being Pure At Heart, Yuck et, évidemment, My Bloody Valentine.

Appréciation: ***½

Crédit photo: Sonic Unyon

Écrit par: Louis-Jean Trudeau

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