MusiqueCritiques d'albums
Crédit photo : Warner Music
Sans tomber dans le jeu des comparaisons, mentionnons simplement une sage continuation dans ce que l’artiste a su nous offrir précédemment. Alors que par le passé elle n’a pas hésité à mélanger les genres et les styles pour judicieusement brouiller les pistes, passant du pop au rock au funk et même au reggae, voilà qu’elle persiste ici en se dévoilant, oui, plus tribale par moment, mais également beaucoup plus pop par d’autres comme en fait foi «The Keepers», une chanson qu’on a encore de la misère à lui attribuer tellement elle détonne.
Sorte de fusion entre Lykke Li et Florence + The Machine, pour ne nommer que celles-là, on se surprend à la trouver aussi sage sur des chansons comme la rassembleuse «The Riot’s Gone», où il est possible d’y dénoter un petit quelque chose à la Gwen Stefani de No Doubt, ou «This Isn’t Our Parade», qui sonne comme un magnifique hymne pour la paix. Alors qu’au contraire elle n’hésite pas à joyeusement divaguer sur les déjantées «Freak Like Me» et «Look At These Hoes» (il fallait oser).
«Go!», la pièce d’ouverture mettant en vedette Karen O., lui donne un petit côté Joan Jett ou même Bow Wow Wow, très 80’s alike, alors que «Pirate in the Water» donne carrément dans le tropical. L’efficacité de «God from the Machine» et «Fame» est également loin d’être négligeable, alors que l’éclatée «Big Mouth» clôt fort bien l’album dans un beau délire nous invitant à se déchaîner et se déhancher avec jubilation. Comme quoi les arrangements musicaux sont de loin les plus belles réussites du disque, alors que s’y trouvent les meilleures trouvailles, découlant par moment de ses détonantes collaborations, comme celles avec David Sitek de TV on the Radio ou Nick Zinner des Yeah Yeah Yeahs, expliquant certainement à nouveau l’éclectisme de son style musical.
En somme, Master of My Make-Believe est peut-être juste un peu trop lisse. Santigold a beau être aventureuse et créative, elle n’est pas aussi visionnaire que Janelle Monae et, si par moment on accroche terriblement à ses airs et on se laisse aisément transporter, par d’autres on ne s’en montre pas nécessairement impressionné à défaut de les trouver charmants et agréables. Ce second opus, bien que produit avec un soin non négligeable et, avouons-le, aucune chanson n’est véritablement mauvaise, manque d’un gros lot de surprises et de bombes musicales de tout genre dont Santogold bénéficiait. Oui, il y a de bonnes idées, mais jamais rien de trop transcendant, à une époque où il en faut bien plus pour tailler sa place dans le milieu musical.
Heureusement, au même titre que la splendide «L.E.S. Artistes», dont on ne s’est toujours pas remis, il y a moyen de s’accrocher avec l’extraordinaire «Disparate Youth», dont l’introduction à elle seule parvient à nous conquérir aussitôt. Comme quoi Santigold n’a rien perdu de son potentiel, nous invitant certainement à continuer de la suivre à l’avenir.
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de la rédaction