«Mafia Douce» de Pendentif

Formé par des musiciens aux influences éclectiques, Pendentif se produit depuis 2011 un peu partout en France lors de premières parties aussi prestigieuses qu’Indochine. D’ailleurs, le nom à caractère féminin de la formation semble faire de Pendentif l’héritier d’un autre grand groupe aquitain, Gamine. Pour leur premier album, la formation ne lésine pas en s’associant avec l’ingénieur du son Antoine Gaillet, l’artisan derrière M83 et Julien Doré.

La voix de Cindy Callède, doublée à celle du guitariste Benoit Lambin, est fidèle à la tradition française: intime et coquine. Elle fait écho notamment au timbre délicat de la chanteuse de Blonde Redhead, Kazu Makino, ainsi qu’au groupe français Superbus.

Le groupe rejoint la vague de musiciens francophones qui parsèment leurs couplets d’expressions anglophones. Alors que pour certains le résultat est plus ou moins fructueux, les textes de Pendentif constituent la force première de l’album. Leur portée est universelle, allant de l’idylle fébrile aux road trips grisants. Au milieu des refrains accrocheurs, le mariage entre les deux langues est d’un naturel désarmant.

«Riviera» ouvre le bal en canon mais devient vite répétitive, malgré la belle sonorité de la guitare. Heureusement, «Embrasse-moi» fait réellement décoller la fête avec des paroles sensuelles et un son qui détonne de ce que l’on entend habituellement sur la scène francophone, la chanson empruntant des accords plus caractéristiques du britpop. L’utilisation brillante des percussions et de la basse donne une musique dansante qui colle à l’oreille.

Outre cette pièce maîtresse, «1^er juillet» et «Ondine» sont celles qui se démarquent le plus grâce à leur sensibilité singulière. La première camoufle sous du French Touch langoureux la transcendance de l’amour impossible, tandis que la deuxième dépeint avec une précision poignante l’exaltation d’une virée nocturne.

«Mafia Douce», «Panache» et «Jerricane» continuent dans la même veine avec un tempo énergique et une introduction au clavier particulièrement réussie. Le paradoxe du titre souligne l’aspect délinquant de l’amour de jeunesse et couronne un texte à saveur pop rose bonbon. On aurait toutefois préféré un peu plus de variété entre les trois pièces.

 Enfin, «Boulevard du Crépuscule» verse dans la musique new wave des années 80 sans prétention, dans un excellent arrangement de clavier et de guitare. La chanson éponyme de l’album conclut le tout sur une note classique. Ici, le style est au «je ne sais quoi» français, coupe carrée et mini-jupe à l’appui, ce à quoi on est davantage habitués de la part de la pop française.

En somme, à coup de textes suaves et d’harmonies kaléidoscopiques, Pendentif offre un premier album mémorable qui propulse le groupe jusqu’ici inconnu sur le radar musical francophone.  Malgré quelques passages par moments redondants, Mafia Douce se veut la trame sonore parfaite pour toute escapade au bord de la mer.