Lumière sur la carrière de Léo Ferré, orfèvre des mots et du cœur – Bible urbaine

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Lumière sur la carrière de Léo Ferré, orfèvre des mots et du cœur

Lumière sur la carrière de Léo Ferré, orfèvre des mots et du cœur

Un héritage salué de façon unanime dans la francophonie

Publié le 27 juillet 2023 par Bible urbaine

Crédit photo : Ri_Ya @ Pixabay

Cela fait maintenant 30 ans que Léo Ferré, musicien et auteur-compositeur-interprète a tiré sa révérence. En nous laissant des chansons emblématiques comme «Jolie Môme» et «Avec le temps», l'artiste français, originaire de Monaco, nous laisse un héritage salué de façon unanime dans la francophonie.

Tantôt romantique et espiègle, tantôt grave et contestataire, ce monsieur de la chanson qui a visité plusieurs fois le Québec a mené une vie pleine de rebondissements et de tragédies.

Le 30e anniversaire de son décès nous donne l’occasion de revisiter l’incroyable parcours d’un poète qui fait partie du patrimoine culturel français.

Ferré, poète d’un Paris qui n’existe plus

Lorsque l’on pense à Léo Ferré, on pense surtout à un vieillard au crâne chauve et aux cheveux frisés, le regard habité par une sorte de lyrisme impénétrable. Pourtant, le chanteur était jeune, et son milieu l’a directement conduit à faire de la musique classique. Entré très tôt au Conservatoire, Léo Ferré est un élève doué et versatile qui compose à la fois du classique et des chansons plus légères.

Parce que la vie est un coup de poker, Léo Ferré monte à Paris en 1935. Ses premières chansons impressionnent les stars de l’époque telles que Charles Trenet, même s’il faut plus de temps à Léo pour remplir des salles prestigieuses comme le Casino de Paris.

Nous lui devons des chansons comme «Paris Canaille» ou «Paname», déclarations d’amour à la capitale française qui est considérée comme le centre névralgique de la culture européenne. La carrière parisienne de l’artiste débute véritablement au sortir de la guerre, où il se produit dans les cabarets pendant sept ans. Des années de vaches maigres et de défis financiers qui sont encore loin du succès qu’il rencontre vers la fin des années 1950.

Son caractère contestataire date de l’enfance, alors que le jeune Léo interroge les autorités et s’autorise la lecture d’œuvres d’auteurs français jugés subversifs. Cette passion pour la liberté ne quittera pas son âme ni ses chansons comme «Ni Dieu ni Maître» ou «Les Anarchistes», à la fin des tumultueuses années 1960.

«Avec le temps», une pièce écrite en deux heures

La chanson la plus emblématique de Léo Ferré reste «Avec le temps», qui connaît plusieurs versions au cours des dernières décennies. Cette ballade sombre sur le temps qui passe et l’érosion des sentiments résonne aujourd’hui comme le testament de l’artiste, qui met au premier plan la sincérité de son attachement aux prêtres, hommes et animaux.

L’artiste a confirmé chez Bernard Pivot que le morceau a été écrit en moins de deux heures. Il a ensuite été remanié plusieurs fois pour adopter la forme que l’on fredonne parfois: «Avec le temps, tout s’en va».

N’oublions pas qu’au moment où cette chanson paraît, Ferré est déjà au sommet de sa carrière et qu’il travaille sur de nombreux projets de livres et de pièces d’opéra en parallèle. L’artiste reste un boulimique de travail jusqu’à sa mort à 76 ans, en Italie.

Les animaux, un amour jusqu’à l’excès

Un aspect moins célèbre de la vie de Léo Ferré est son amour inconditionnel pour les animaux. Il accueillait dans son Château de Pechrigal un grand nombre de bêtes, notamment un troupeau de vaches, un taureau, des chats, des chiens, des oiseaux, mais aussi un énorme cochon de 350 kilos! L’ambiance autour de cette ménagerie est telle que le personnel du château démissionne régulièrement, car le cochon se soulageait au milieu du salon, et ce, plusieurs fois par semaine!

Il y aussi l’inoubliable Pépée, un chimpanzé adopté par la famille Ferré en 1960. D’aucuns penseraient que recueillir un chimpanzé animal notoirement connu pour sa force extrême et ses accès de violence aléatoire est une mauvaise idée. En effet, la cohabitation avec ce primate laisse des souvenirs sombres à la famille Ferré, qui subit les facéties quotidiennes de l’animal. Anne Butor, fille adoptive de Ferré, a fini par quitter le château en 1968 à la suite des nombreuses frasques de Pépée, qui est resté à la postérité au sein d’une chanson fort émouvante.

Léo Ferré, un héritage plus qu’un testament

Bien qu’il soit mort il y a 30 ans déjà, l’étoile de ce poète n’a jamais pâli, même si son style scénique est caractéristique d’une autre période. Le public retient bien sûr son engagement politique situé à la gauche de la gauche, et Ferré reste associé aux mouvements contestataires de la fin des années 1960. Destin particulier pour celui qui fit des années de science politique au côté d’un certain François Mitterrand!

Si le terme d’anarchiste revêt une connotation un peu désuète par les temps qui courent, Ferré l’employait pour se décrire, car il était avant tout épris de liberté.

L’artiste laisse derrière lui plus de quarante albums et plusieurs centaines de concerts à travers le monde, puisque son lyrisme s’est exporté même dans les pays non francophones comme l’Italie, dont sa famille est originaire.

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