Loco Locass refait surface

En 2004 sortait le très excellent album Amour Oral. Il aura fallu 7 ans et demi au trio de rap engagé pour composer un quatrième album. Au bout du fil, Biz avoue qu’il se sent comme une mère qui vient d’accoucher de son enfant. «Tout le monde se porte bien, l’enfant-album a tout ses membres, et les parents sont heureux comme jamais!»

Le principe de création de Loco Locass découle de la métaphore de la fleur. Selon Biz, on ne peut pas tirer sur une fleur tant qu’elle n’a pas germé. Il faut de la pluie et du beau temps pour qu’elle puisse éclore. Même chose pour l’inspiration. «Pour écrire, il faut que tu vives». En effet, pour que l’inspiration frappe à notre porte, il faut qu’il se passe quelque chose autour de nous. De ce fait, l’enregistrement de l’album a commencé un peu avant l’éclatement de la grève étudiante, ce qui a dûment inspiré le trio.

Bien entendu, l’inquiétude est au rendez-vous quant à l’accueil que le public réserve à l’album. L’évolution de Loco Locass paraîtra peut-être plus drastique à l’oreille de plusieurs, étant donné qu’il y a eu un renouvellement artistique majeur au sein du groupe. L’album se retrouve sur les tablettes à un moment où le contexte politique est à son comble et où le peuple québécois a besoin de se faire entendre, et ce, de toutes les manières possibles.

La situation politique du moment est d’ailleurs un thème mille fois abordé sur Le Québec est mort, vive le Québec!. Avec leurs plumes aussi fines qu’incisives, Loco Locass frappe là où ça fait mal. Biz avoue qu’il n’y a pas un sujet auquel le groupe n’oserait jamais toucher. Selon lui, le thème qui leur a été le plus difficile à aborder est celui du suicide (la chanson «M’accrocher»). «Le sujet étant plus risqué, il faut faire attention à la manière dont on amène le propos. Il faut choisir les bons mots et les bonnes métaphores pour traiter de ce sujet hautement d’actualité en ce moment». D’ailleurs, selon Biz, ne serait-il pas intéressant de faire un rapprochement entre la situation de notre Québec actuel et le suicide? Quand notre province ne va pas bien, comment est-il possible que son peuple puisse bien aller? En référence à cette réflexion, Biz cite en exemple le suicide de Dédé Fortin, qui a été terriblement atterré par le résultat du référendum de 1995. Mais tout ça ne reste que spéculations et réflexions.

Dans un autre registre, Biz se dit très emballé face au retour sur scène de Loco Locass. Il considère ce spectacle comme d’extraordinaires retrouvailles entre le groupe et leurs fans. Bien entendu, il y aura des surprises, de nouveaux arrangements musicaux sur leur vieux registre, mais aussi une adaptation plus scénique de leurs nouvelles compositions. Le contexte du spectacle est, selon Biz, parfait pour retrouver leur public. Le groupe invite d’ailleurs les gens à apporter leurs casseroles afin de participer à des moments opportuns lors du spectacle.

Et qu’en est-il de ce fameux contexte politique? Selon Biz, si on place la crise du moment ou l’éveil d’un peuple, comme il se plaît à le dire, dans une perspective plus historique il n’y a vraiment pas de quoi paniquer. Bien qu’il y ait eu violence du côté de la police et des étudiants, il n’y a pas eu de mort. Et, ce qu’il faut comprendre dans cette bataille, c’est que le peuple descend dans la rue pas seulement pour un petit cinquante sous de plus par jour, mais bien pour faire entendre son «écoeurantite aigue» face au gouvernement.

L’éveil d’un peuple, comme dirait l’autre.

Loco Locass sera en spectacle dans le cadre des FrancoFolies vendredi soir dès 21h sur la place des Festivals. Leur quatrième album, Le Québec est mort, vive le Québec!,est disponible partout en magasin et sur iTunes.