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Douze ans après la sortie de l’album Hybrid Theory (2000), vendu à plus de 24 millions d’exemplaires à travers le monde et qui a propulsé Linkin Park au sommet des palmarès, voilà que le groupe néo-métal américain revient à la charge avec Living Things, un opus puissant au goût du jour.
Début 2000, les succès «One Step Closer, «Crawling» et «In the End» ont été fort bien reçus par les amateurs de musique rock alternative, puisque la tendance était aux bras tatoués, aux voix criardes, aux guitares rugissantes et aux claviers mélodieux un brin mélancoliques.
Et, Linkin Park, avec le génie de Joe Hahn derrière les platines, avait d’ores et déjà la recette explosive, en plus d’avoir deux excellents chanteurs (Chester Bennington et Mike Shinoda) aux chants dynamiques mais diamétralement opposés.
Plusieurs ont eu l’audace de croire que Linkin Park vivrait une carrière brève mais fulgurante jusqu’à ce que Meteora (2003) fracasse lui aussi des records de ventes. Avec des titres aussi énergiques que «Faint», «Breaking the Habit», «Somewhere I Belong» et «Numb», la formation californienne, qui a vu le jour en 1996, n’avait décidément pas dit son dernier mot. Ont suivi, par la suite, les excellents mais plus sobres Minutes to Midnight (2007) et A Thousand Sounds (2010), dont le succès auprès du public et des médias a été plutôt mitigé.
Davantage centré sur l’émotivité humaine et les relations amicales dysfonctionnelles, Living Things est un album plus personnel que les précédents.
La chanson «I’ll be Gone», qui s’inscrit dans le même créneau sentimental que l’inoubliable «Crawling», met de l’avant un sujet masculin désemparé qui n’a d’autre choix que de quitter bêtement l’être aimé, vu que son amour est devenu aussi froid que l’hiver: «Like shining oil, this night is dripping down / Stars are slipping down, glistening / And I’m trying not to think what I’m leaving now / No deceiving now, it’s time you let me know / Let me know.» À défaut d’être poétiquement enviables, les textes de Linkin Park contiennent au moins quelques métaphores succulentes pour les tympans, mais peut-être moins pour l’esprit lucide.
Living Things comporte, à l’instar d’Hybrid Theory et Meteora, son lot de succès aux refrains accrocheurs, dont «Lost in the Echo», «In my Remains» et «Castle of Glass», ainsi que de solides mélodies électro-rock à tendance hip-hop (Roads Untravelled, Skin to Bone), qui ne laisseront assurément pas les fans sur leur faim.
La guitare électrique de Brad Delson, musicien qui ne s’est jamais départi de ses fameux écouteurs, s’est quelque peu adoucie au profit des claviers rugissants de Joe Hahn, qui prennent une place plus prépondérante que jamais.
Linkin Park a toujours été à l’affût de l’évolution musicale et, pour un groupe avant-gardiste, l’album Living Things est le parfait reflet du côté hybride qui a toujours constitué le modus operandi du sextuor. Définitivement un album puissant et moderne à posséder dans sa bibliothèque musicale.
Appréciation: ****
Crédit photo: Warner Music
Écrit par: Éric Dumais