MusiqueCritiques d'albums
Crédit photo : Audiogram
Enregistré en seulement trois jours à l’Hotel2Tango, L’été est une œuvre spontanée où chaque pièce est une surprise en elle-même. L’auteur-compositeur-interprète aime l’imprévu et ne désire pas retravailler ses compositions trop longtemps pour aller chercher la pureté de l’émotion. L’auteur choisit des musiciens qui sont à l’aise avec le fait d’improviser pour ainsi apporter leurs touches personnelles. Dans Les Sessions cubaines, il n’y avait aucune manipulation, pas de jeu avec le son. Les quelques imperfections dues à la spontanéité de l’enregistrement ne viennent en rien entacher le plaisir de survoler cet album unique possédant une grande sensibilité. Sur L’été, on y retrouve des effets ajoutés à la voix. On pense à Timber Timbre, mais le chanteur préfère évoquer Johnny Cash, ou la façon dont John Lennon traitait sa voix.
L’été a été coréalisé par Philippe Brault et enregistré sur ruban. On peut entre autres retrouver le guitariste Nicolas Basque (Plants and Animals), la harpiste Sarah Pagé (The Barr Brothers), le violoniste Guido del Fabro (Pierre Lapointe) ainsi que Papacho, le cousin de Philémon présent sur le premier disque. Pour ce qui est du saxophoniste cubain Néstor Rodriguez Vilardell, il n’avait pas pu assister à l’enregistrement des Sessions cubaines. L’auteur s’est repris alors en l’invitant sur son deuxième opus.
L’album contient des mélodies enivrantes et des envolées grandioses. Il est riche également en contrastes et présente une instrumentation chaude composée d’instruments à vent. Quelques compositions sont dotées d’un romantisme et de clins d’œil rétro dans les arrangements. D’autres où la trompette et la mandoline prédominent évoquent le style du groupe folk américain Beirut. La plume habile du compositeur plutôt romantique sur les trois premières pièces, puis devient soudainement plus sombre au fil des chansons puisqu’il aborde des thèmes comme le deuil, la désillusion et la rupture.
Coup de cœur pour l’intense «Moi, j’ai confiance» pour la symbiose du piano, des cordes et de la trompette, l’éblouissante «Au cinéma» une pièce saveur rose bonbon avec ses jolis airs de harpe ainsi que «Je veux de la lumière» qui ressemble à une prière accompagnée par une douce trompette. Une remarque: le chanteur n’a pas une voix parfaite, pas toujours juste particulièrement dans les aigus, mais on lui pardonne facilement ces failles puisqu’il interprète ses textes avec une grande sincérité. «Chose étrange» est une chanson coup de poing qui surprend par ses paroles crues traitant d’une sexualité désabusée: «Tu donnes ton corps comme on donne la mort», entonne-t-il.
L’année 2014 débute en force: L’été s’avère être un excellent disque francophone qui arrive à point au beau milieu de l’hiver.
Philémon Cimon lancera son deuxième album à la Sala Rossa de Montréal le 28 janvier dès 19h puis le lendemain au Cercle de Québec. Les billets sont disponibles au coût de 20 $ à la porte (incluant une copie de l’album).
L'avis
de la rédaction