Musique
Crédit photo : Montage photo: Isabelle Lareau
Les découvertes et les nouveautés
The Now Now – Gorillaz
Le groupe britannique, qui comprend Damon Albarn et l’artiste-illustrateur Jamie Hewlett, a l’habitude de nous faire patienter de longues années entre chaque album. Et pourtant, le duo nous a surpris, le 29 juin dernier, en offrant un sixième disque, The Now Now, à peine un an après la sortie de Humanz. Écrit sur la route pendant que la formation était en tournée, on remarque que l’album est plus linéaire, voire plus fluide. Mais ce qui étonne le plus, c’est le fait qu’Albarn et Hewlett n’ont pas fait appel à une horde de collaborateurs, comme ce fut le cas pour Humanz. En effet, les admirateurs avaient l’impression que l’essence de Gorillaz s’était dissipée en raison des nombreux invités, et cela avait porté ombrage à l’offrande précédente. Malheureusement, ici, il y a moins de place pour l’expérimentation, ce qui est pourtant l’une des forces du duo.
The Now Now contient moins de textures et moins de couches sonores, ce qui amoindrit le côté plus original et moderne du son de Gorillaz. Cependant, l’album gagne à être écouté à quelques reprises avant de susciter un engouement de la part de l’auditeur. En général, l’opus est plutôt tranquille et tout à fait indiqué pour les fins de soirée. Mais il manque cette petite étincelle pour en faire un album mémorable; on y ressent plutôt une certaine mollesse dans l’ensemble… Cela s’explique en partie par la voix terne de Damon Albarn et par le traitement studio monotone du chant.
Ceci étant dit, il y a de bonnes pièces sur ce disque, dont «Hollywood»; la collaboration avec Jamie Principle et Snoop Dogg prodigue un dynamisme intéressant. L’une des meilleures pièces est l’extrait instrumental «Lake Zurich», qui semble être un hommage aux sonorités disco. Il y a également «Fire Flies», qui est charmante, notamment grâce à son aspect légèrement lugubre.
Les revenants d’entre les morts
Bad Witch – Nine Inch Nails
Bien sûr, Trent Reznor n’est pas un revenant puisqu’il n’a jamais cessé de composer de la musique. Mais les admirateurs de Nine Inch Nails ont imaginé le pire lorsque le multi-instrumentiste a annoncé que The Slip (2008) serait le dernier album sous cette incarnation, et ce, pour une période de temps indéfinie. Fort heureusement, Reznor a retrouvé l’inspiration et a lancé en 2013 l’excellent Hesitation Marks.
Plus tard, il a offert Not the Actual Events (2016) ainsi qu’Add Violence (2017). Dans le cadre de diverses entrevues, il a expliqué qu’il s’agissait d’une trilogie et a confirmé que son collaborateur de longue date, Atticus Ross, était devenu un membre officiel de la formation. Nine Inch Nails n’est plus le projet solo de Trent Reznor! Se sentant restreints par le concept qu’ils s’étaient imposé, ils ont décidé de sortir de leur zone de confort et de changer de trajectoire pour la conclusion de cette trilogie. En effet, Bad Witch a été présenté en tant qu’album triptyque (et non un maxi!,) et le duo a même osé le saxophone!
Le titre «Play The Goddamned Part» met de l’avant de petits accents gothiques à la Bauhaus, tandis que «God Break Down The Door» semble avoir été écrite avec Depeche Mode en tête (une formation que Reznor estime énormément). L’influence de David Bowie sur cet opus est indéniable et sa présence est presque palpable sur «Over And Out».
Cette nouvelle entité est singulière; on y retrouve des sonorités qui nous rappellent les offrandes précédentes («Shit Mirror» sonne comme une chanson datant de l’époque de With Teeth), autant les disques de la formation que les bandes originales (plus spécialement Lost Highway de David Lynch), un peu comme si Bad Witch sonnait comme une synthèse du passé. Le son est définitivement dense et agressif, les textes laissent trahir une rage intérieure bien présente.
À surveiller ce mois-ci:
«Los Angeles» – Grand Blanc
La formation électro rock, qui s’est fait remarquer par les critiques grâce à son premier album Mémoires vives, paru en 2016, est enfin de retour. Le quatuor parisien nous présente le troisième extrait de sa nouvelle offrande, Image au mur, que vous pourrez vous procurer dès le 14 septembre.
Il s’agit ici de la chanson «Los Angeles», pour laquelle le guitariste et chanteur fut influencé par l’écrivain John Fante. Ce titre, chanté par la claviériste Camille Delvecchio, est très électro et sombre, truffé d’échantillonnage aux sonorités métalliques. Il est accompagné de riffs de guitare bien acérés. De plus, cette pièce est très différente des deux extraits promotionnels déjà disponibles, notamment la douce et joyeuse «Belleville», qui est une lettre d’amour à leur ville d’adoption, et «Ailleurs», qui étonne par sa délicatesse et sa sensibilité onirique.
Cela semble être un très bon présage pour Grand Blanc qui maîtrise différents styles tout en conservant son identité. En fait, les musiciens puisent leur inspiration autant par les lieux qu’ils visitent que la musique de Joy Division, Mano Solo, Alain Bashung et Kraftwerk. Ils affectionnent également les références littéraires.
«Koro» – Camaromance
Après une absence, du moins en tant que musicienne, de huit ans, Martine Groulx, mieux connue sous le nom de Camaromance, offre un troisième extrait de son disque Chasing Clouds, lancé le 6 avril dernier.
Il s’agit de la très jolie pièce «Koro», un hymne à l’amour ayant une date de péremption bien réelle et peu permissive… Camaromance y décrit une rencontre inattendue avec un voyageur qui lui vole son cœur, alors qu’elle doit quitter le lendemain, ce qui leur laisse qu’une seule nuit. Il s’agit d’une histoire vécue par la chanteuse tandis qu’elle visitait la Nouvelle-Zélande.
Ce mélange de douceur, de tristesse et d’urgence enivrante fait de «Koro» une pièce à la hauteur de son interprète, qui sait habillement allier un son folk sensible et accrocheur, une voix céleste et romantique ainsi que des paroles mélancoliques et poétiques.
Elle offrira d’ailleurs un concert gratuit dans le cadre du Festif! de Baie-St-Paul, le jeudi 19 juillet, au Village Go-Van à 23h30.