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Crédit photo : Audiogram
Le thème de la sexualité fait suite au processus créatif entamé avec Punkt et qui est tout compte fait omniprésent dans l’oeuvre complète de l’auteur-compositeur-interprète. Avec la poésie imagée habituelle qui a fait la renommée du musicien, Les Callas ressemble à un doux rêve qui entraîne l’auditeur aux frontières de la vie, de la mort, du plaisir et de la jouissance.
La chanson «Les Callas» chantée en duo avec nul autre qu’Ariane Moffatt et accompagnée à la guitare par Philippe B., est un ménage à trois réussi. Une ambiance de fin d’après-midi s’y dégage et un onirisme envoûtant et rythmé par le son des cigales dresse la table pour l’ensemble de l’album.
Pierre Lapointe retourne à ses sources avec des pièces instrumentales qui avaient déjà ajouté un sublime cachet à la Forêt des mal-aimés. C’est donc «Erwan» qui lance le bal où, seul au piano, Lapointe séduit par un air mélancolique qui rappelle la nostalgie des temps passés, si chers au chanteur. Puis «Je déteste ma vie» est une ballade qui fait frissonner par la simplicité brute qui va droit au coeur, et aux oreilles.
Il semble qu’après la décadence de Punkt, Les Callas soit un lendemain de veille non pas brutal mais organique, où les plaisirs charnels sont cette fois-ci plus terre-à-terre (même s’il est difficile, voire impossible de faire simple avec Pierre Lapointe). Si la musique s’est assagie, les mots, eux, n’ont rien perdu de leur portée ni de leur force.
«Les Callas n’aiment pas l’ennui, l’ennui qui s’installe quelques fois dans mon lit / Les Callas, préfèrent les lits carrés, où les amoureux crient comme des damnés»
Il est important aussi de souligner l’implication du chanteur auprès des arts visuels. Celui qui porte une attention particulière, voire méticuleuse à l’image, que ce soit pour ses spectacles, ses textes, ses pochettes d’albums ou sa garde-robe, Pierre Lapointe met sous les projecteurs des artistes locaux d’avant-gardes. D’ailleurs, il a fait appel cette fois à Joe Becker, un peintre montréalais. Cet artiste prête son pinceau à la pochette de l’album et illustre à la perfection ce qui doit se passer dans la tête de Lapointe. Un accès privilégié dans l’intimité du chanteur, cela ne se refuse pas.
Même si le disque perd un peu de son souffle vers la fin, il n’en reste pas moins que c’est un produit plus réussi et achevé que Les Vertiges d’en haut, un disque parenthèse qui n’avait rien de sensationnel, bien au contraire.
Empreint de mystère, Les Callas séduit par sa facture sonore qui est chaude et réconfortante et qui fait voyager dans le vaste monde du fantasme. Enregistré dans des endroits étonnants, parfois même avec le téléphone du chanteur, cet EP s’avère un risque nécessaire, relevé avec brio. On ne s’attendait pas à moins de Pierre Le Grand.
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de la rédaction