MusiqueLes albums sacrés
Crédit photo : Dustin Rabin Photography
The Real Thing est celui qui a marqué l’imaginaire des mélomanes, la première introduction au monde délirant que personnifie Faith No More. Malgré le fait que le chanteur Mike Patton ait rejoint la formation après que la musique pour cet enregistrement fut complétée, il a été en mesure de composer les paroles en deux semaines afin de terminer l’album. En dépit de ces conditions défavorables, l’impact de ce disque a été majeur et le succès de l’extrait «Epic» a été phénoménal. Cependant, Angel Dust est beaucoup plus réfléchi, davantage axé sur l’expérimentation et, malgré des ventes moins importantes que son prédécesseur, il a su séduire les vrais fans tant par sa complexité que son éclectisme. J’ai donc opté pour celui-là.
La formation de San Francisco existe depuis 1981 et fut fondée par Billy Gould (bassiste), Mike Bordin (batteur), et Roddy Bottum (claviériste). Le guitariste Jim Martin les a rejoint peu après à la suite d’une recommandation de Cliff Barton (bassiste original de Metallica). Cependant, Martin quitta le groupe en 1993 dans des circonstances nébuleuses. À vrai dire, les débuts de la formation furent chaotiques; il y a eu deux chanteurs – ainsi qu’un bref passage de Courtney Love – avant l’arrivée définitive de Mike Patton, le leader de la défunte (et extraordinaire) formation Mr. Bungle. Celui-ci parvient à s’intégrer avec finesse ainsi qu’à incorporer son talent de parolier à l’univers du quatuor; ses textes sont absurdes, sarcastiques et étonnamment succincts.
L’album débute en lion grâce à la cauchemardesque «Land Of Sunshine», qui semble être une descente dans l’enfer de la paranoïa, soulignée par les rires que l’on entend en sourdine. Le sentiment de tension est accentué par le jeu de clavier maléfique. Il y a certains titres qui sont heavy, comme «Malpractice», grâce à ses riffs de guitare lourds, ou encore la solide «Midlife Crisis».
En ce qui a trait au son de Faith No More, on pourrait le qualifier de métal, à cause de la guitare et de la batterie. La façon de chanter de Mike Patton joue également un rôle important dans la sonorité du groupe, puisqu’il sait utiliser sa voix de manière à maximiser sa puissance. De plus, il possède un registre qui inclut autant le ton nasillard et moqueur que le rap, ce qu’il démontre également sur Angel Dust. L’aspect funk découle inévitablement du jeu de basse; Gould fait preuve d’une dextérité et d’un sens du rythme incroyables.
De plus, il y a des extraits qui tombent dans le spectre du pop rock, c’est le cas d’«A Small Victory». Pour sa part, «Everything’s Ruined» déroute quelque peu par sa sensibilité pop et son introduction au piano. Et lorsque l’on écoute «Be Aggressive», on constate immédiatement que Marilyn Manson s’en est inspiré pour son titre «mOBSCENE».
Faith No More a mis un terme à l’aventure en 1998 après six albums studio. Cependant, après quelques séries de concerts (entre 2009-2012), le quatuor retourna en studio afin de composer des nouvelles chansons. Le résultat fut Sol Invictus, paru en mai dernier.
La formation sera présente au festival HEAVY MONTRÉAL au parc Jean-Drapeau le samedi 8 août prochain. Et vous, chers lecteurs, lequel préférez-vous: The Real Thing ou Angel Dust?
*Ces deux parutions ont été rééditées cette année, avec quelques reprises intéressantes.