MusiqueLes albums sacrés
Crédit photo : Dare To Care
Et si, au final, il fallait repartir à zéro? Se perdre dans un labyrinthe et voir ce que ça donne? C’est dans cet état d’esprit que les quatre gars de Sorel-Tracy se sont réunis, en 2008, pour de longues sessions de jams créatifs. Au menu des inspirations: Claude Dubois, Green Day et des trames sonores de films d’horreur! Ces jams allaient poser les jalons de leur troisième album Labyrinthes, paru il y a 10 ans (déjà!)
Un virage alternatif et progressif
Attendu avec beaucoup d’appréhension, l’album a été bien reçu, mais il aura, au final, dérouté de nombreux fans de la première heure. La voix lointaine du chanteur Julien Mineau est toujours là, tout comme les textes énigmatiques si représentatifs du groupe.
Mais pourtant, quelque chose avait changé…
Le nouveau son de Malajube était progressif à souhait! Et une chose était pourtant certaine au moment où les mélomanes ont découvert l’album pour la première fois: le groupe n’avait pas choisi le chemin de la facilité. Il avait plutôt choisi l’option de se mettre en danger, en faisant fi des attentes et de l’influence de leur précédente création.
Malajube avait troqué le «Montréal -40» pour un son plus dense, plus lugubre, avec des moments qu’on croirait tout droit sortis d’un monastère. Le groupe s’est d’ailleurs inspiré de l’influence du clergé catholique sur la société québécoise pour composer les dix nouvelles pièces labyrinthiques de l’album. Les thèmes de la folie et de la mort, des sujets récurrents chez le groupe, reviennent également.
Entre l’ombre et la lumière
Tout au long de ce troisième album studio, nous naviguons en eaux troubles, puis le climax se brise, et la mer devient plus calme.
Labyrinthes s’ouvre avec «Ursuline» (évoquant le Monastère des Ursulines de Québec). Cette pièce de près de sept minutes condense toutes les nouvelles explorations sonores de la formation. Tantôt très épique, elle devient progressivement aérienne et planante avant d’atteindre un climax rock sans précédent, le tout avec une formidable montée instrumentale. «Aucun homme ni aucune religion / Ne viendront sous ma robe / Pour brûler en enfer», nous balance Mineau dans le refrain. On a un bon avant-goût des thématiques à venir.
Puis on bascule vers le côté plus lumineux et pop de la proposition, en enchaînant coup sur coup les singles «Porté disparu» et «Luna». Malajube nous démontre, du même coup, que malgré une approche plus disparate, le groupe n’a rien perdu de son essence indie rock. Puis «Casablanca» brouille les cartes, en proposant un morceau en deux temps: ça commence tout doucement, puis ça nous pulvérise les tympans sans avertir!
Comme dans un grand labyrinthe sans fin, le groupe se plaît à changer brusquement de direction. Et ça marche! On a envie de se perdre avec eux.
La formation met habilement la table pour un côté plus heavy metal, qu’on connaissait déjà sur certains morceaux de l’album Trompe l’œil. Avec «Les Collemboles» et «333» (pesante à souhait), les mélomanes ont droit à du rock tortillé, un brin survitaminé.
L’ensemble se clôt sur une pièce instrumentale, «Cristobald», qui conclut l’album sur des sonorités dignes des meilleures messes funèbres. C’était probablement la meilleure façon de finir ce voyage cosmique, parfois psychédélique, par moments plus accessible, mais jamais inintéressant!
Au diable la notoriété!
Avec Labyrinthes, Malajube n’a pas connu le même buzz que Trompe l’œil… Et c’est bien parfait comme ça! Le groupe n’a jamais autant exploré et pris de risques que sur ce Labyrinthes, un opus qui mérite d’être redécouvert pour son anniversaire.
En attendant que Malajube sorte de sa caverne pour nous proposer quelque chose de nouveau.
On serait dus.