«L’épopée musicale des…» Beastie Boys, ces rappeurs éclectiques – Bible urbaine

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«L’épopée musicale des…» Beastie Boys, ces rappeurs éclectiques

«L’épopée musicale des…» Beastie Boys, ces rappeurs éclectiques

Ad-Rock, Mike D et MCA, de l’imparfait au plus-que-parfait (ou presque)

Publié le 26 mai 2022 par Jean-Benoit Perras Nolet

Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook des Beastie Boys

Voilà maintenant dix ans, soit le 4 mai 2012, qu'Adam Yauch, alias MCA, a perdu la vie suite à une bataille contre le cancer. Son décès aura sonné la fin de l’un des groupes les plus originaux à avoir vu le jour et surtout à avoir atteint une aussi grande notoriété. Les Beastie Boys ont fait leurs dents sur la scène hardcore punk new-yorkaise au début des années 1980 avant d'effectuer un virage complet vers le hip-hop. Très vite, ils sont devenus l'un des groupes les plus populaires, pour ensuite réintroduire des instruments dans leur arsenal ainsi que des chansons hardcore punk plus ambient, funk et jazzy. À partir de ce moment, il était rendu presque impossible de les classer dans un genre à part entière. C’était tout simplement du «Beastie Boys». Pour souligner ce triste anniversaire, voici le classement de leur discographie.

Mentions honorables à…

«Some Old Bullshit»  (1994)

Some Old Bullshit n’est pas vraiment un album, c’est plutôt l’amalgame de Pollywog Stew, un EP hardcore punk sorti en 1982 et du simple Cooky Puss, paru en 1983, leur premier enregistrement rap (plus parodique que sérieux, il faut le souligner).

En soi, ce n’est vraiment pas leur meilleur effort, mais il revêt une importance historique pour le groupe et on y retrouve entre autres «Egg Raid on Mojo», qui faisait encore partie de leurs setlists jusqu’à leur dernier spectacle, en 2009.

«Aglio e Olio» (1995)

Alors qu’ils travaillaient sur l’opus qui allait devenir Hello Nasty, le trio a réalisé qu’il avait beaucoup trop de matériel hardcore punk en stock. C’est pourquoi les Beastie Boys ont donc décidé de le sortir sur cet EP.

Avec huit chansons au total pour une durée de onze minutes, top chrono c’est un EP qui s’écoute rapidement et qui ne donne pas dans la subtilité.

Si vous aimez cet aspect des B-Boys, c’est donc un incontournable.

8. «The Mix-Up» (2007)

Alors qu’avec Aglio e Olio, le trio s’est limité à y placer uniquement des titres hardcore punk, sur The Mix-Up, c’est leur côté jazzy qui prend toute la place. On retrouve douze titres complètement instrumentaux, une première pour la formation new-yorkaise.

Les influences latines, funk, dub, soul et jazz se font entendre, mais on reconnaît immédiatement la signature des Beastie Boys, et ce, sans entendre les voix de Yauch, Diamond et Horovitz.

C’est une expérience réussie qui vaut certainement le détour. Cela dit, ce disque manque cependant de diversité pour se hisser plus haut dans ce classement.

7. «To the 5 Boroughs» (2004)

To the 5 Boroughs est une lettre d’amour à New York, la ville natale du trio. Et d’ailleurs, l’une des meilleures chansons de cette offrande s’intitule «An Open Letter to NYC».

Pour les B-Boys, un tel hommage les aura ramenés vers un style davantage hip-hop classique. C’est d’ailleurs leur premier album depuis Paul’s Boutique, sorti quelque quinze années plus tôt, à se cantonner uniquement à ce genre musical.

Évidemment, cela donne un certain centre d’intérêt à cette œuvre et, si vous appréciez surtout le groupe pour ses pièces hip-hop, vous devriez l’aimer. Par contre, à l’instar de The Mix-Up, il manque l’éclectisme auquel le trio nous a habitués.

6. «Hot Sauce Committee Part Two» (2011)

Sur ce qui allait malheureusement devenir le chant du cygne du groupe, on sent une urgence absente de leurs enregistrements depuis au moins dix ans. Est-ce que le diagnostic de cancer de MCA les a fouettés? C’est fort possible.

Hot Sauce Committee Part Two est un album résolument hip-hop, mais au niveau musical, on ressent les influences des différents styles qui ont marqué l’histoire du groupe. «Lee Majors Comes Again» est ce que le trio a fait de plus proche a du hardcore punk depuis belle lurette, alors que «Make Some Noise» peut rappeler leurs premiers opus.

Malgré ces références au passé, les Beastie Boys se tournent vers l’avenir en explorant des sonorités nouvelles. «Don’t Play No Games That I Can’t Win» avec Santigold en est un bon exemple.

Bref, c’est un effort qui laisse plus un sentiment de renouveau que de finalité au final.

5. «Hello Nasty» (1998)

Avec une durée de plus d’une heure, je l’avoue, ça peut être parfois éreintant d’écouter Hello Nasty de A à Z. Cependant, il n’y pas vraiment de moments ennuyeux à travers l’écoute de ces vingt-deux morceaux.

On y retrouve quelques classiques tels que «Intergalactic» et «Body Movin’», et également beaucoup d’expérimentations. Ce n’est pas chose inhabituelle sur une offrande des B-Boys, mais ici ils semblent ratisser encore plus large.

«I Don’t Know» est en fait une ballade sur un air de bossa-nova, «Song for the Man» rappelle la pop lounge, alors qu’on peut entendre des influences drum & bass dans «Flowin’ Prose».

Avec cette excellente brochette de styles variés et de morceaux de grande qualité, cet album se mérite la cinquième position de ce classement!

4. «Licensed to III» (1986)

C’est l’une des œuvres les plus marquantes de l’histoire du hip-hop (lire de la musique en général!) Vous vous demandez sûrement alors pourquoi je ne l’ai pas placé plus haut dans ce classement?

Comme mentionné précédemment, les Beastie Boys à leur meilleur font du «Beastie Boys» et non pas uniquement du rap.

Cependant, ce disque demeure un incontournable sur lequel on retrouve quelques-uns des succès les plus marquants du trio, dont «Fight for Your Right», «No Sleep Till Brooklyn» et «Paul Revere». Sans le succès de cet album, le trio n’aurait sans doute pas pu se permettre les mêmes libertés par la suite et, plus encore, il ne serait sans doute jamais devenu celui qu’on a connu et appris à apprécier.

Aussi, je dois dire que Licensed to III a été extrêmement important dans le paysage musical quant au rayonnement de la musique hip-hop, puisqu’il a été le premier album du genre à se hisser au sommet du palmarès Billboard.

D’ailleurs, on le retrouve toujours au sein des listes des meilleurs albums rap. Ce n’est pas un exploit à négliger pour trois jeunes blancs juifs issus de la scène hardcore punk!

3. «Ill Communication» (1994)

Ill Communication est une anomalie dans la discographie des Beastie Boys. Pour la première (et seule) fois, le trio a offert un opus qui servait de suite logique au précédent.

De fait, ils reprennent là où ils avaient laissé sur Check Your Head, soit un savant mélange de hardcore punk, de hip-hop, de funk, de dub et de jazz. S’il y a bien une chose qui l’empêche de se hisser plus haut, c’est le fait qu’il ne se démarque pas vraiment de son prédécesseur… Certes, il améliore et accentue certains aspects de ce dernier, mais il n’amène rien de nouveau dans la conversation, qu’on se le dise.

Le fait qu’un album qui contient quand même les classiques «Sabotage», «Root Down», «Sure Shot» et «Get It Together» doive se contenter de la troisième place de ce classement ne fait que prouver à quel point la discographie des Beastie Boys est solide!

2. «Check Your Head» (1992)

Après deux premiers efforts strictement hip-hop, les B-Boys ont décidé d’adopter une autre direction. Sur Check Your Head, ils recommencent à jouer avec des instruments, ce qui changera complètement la suite des choses pour le groupe.

Tout d’abord, ce sera le retour du hardcore punk sur la puissante «Time For Livin’», et également l’introduction de chansons de tout acabit, passant du stoner rock sur «Gratitude» au dub sur «Something’s Got to Give» et au funk sur «Pow».

L’album contient néanmoins son lot de chansons rap, mais elles sont pour la plupart jouées sur des instruments, contrairement aux échantillonnages présents sur Licensed to Ill et Paul’s Boutique.

Dans le lot, on retrouve les excellentes «Pass the Mic» et «The Maestro», et surtout «So What’cha Want», l’un de leurs plus gros succès (et aussi l’un de leurs meilleurs).

1. «Paul’s Boutique» (1989)

Après Licensed to III, plusieurs croyaient que les Beastie Boys ne réussiraient pas à reproduire le succès monstre qu’ils avaient alors connu. L’accueil initial réservé au second effort du groupe a semblé leur donner raison. Mais après avoir été conspué par la critique et le public lors de sa sortie, Paul’s Boutique est devenu, depuis, une œuvre révérée dans le monde entier.

Il faut dire que Paul’s Boutique était un changement de direction important pour eux. Les sonorités hard rock et les rythmes simples de Licensed to Ill ont été remplacés par une avalanche d’échantillons. 105 chansons différentes sont ainsi échantillonnées, de James Brown à Public Enemy en passant par Pink Floyd et les Ramones. L’excellente «The Sounds of Science» est construite autour d’échantillons de cinq titres des Beatles.

C’est un album dense et mature qui, en plus, contient probablement certaines des meilleures paroles de Mike D, Ad-Rock et MCA. Avec le recul, son influence sur la musique hip-hop est autant (sinon plus) grande que Licensed to Ill.

Bien honnêtement, c’est la plus grande réussite des Beastie Boys, et ce, au sein d’une discographie qui compte quand même trois autres opus que j’oserais qualifier de chefs-d’œuvre.

Mike D et Ad-Rock ont toujours affirmé que le décès de MCA signifiait la fin des Beastie Boys. Cependant, ils ont depuis sorti un livre et un documentaire. Il est donc permis d’espérer d’autres projets poursuivant l’héritage du groupe. À suivre… Pour découvrir d’autres épopées musicales d’artistes de renom, c’est par ici.

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