«Le poids des confettis», premier album des soeurs Boulay – Bible urbaine

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«Le poids des confettis», premier album des soeurs Boulay

«Le poids des confettis», premier album des soeurs Boulay

Leur folie est grande et notre mémoire sera longue

Publié le 25 mars 2013 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Le Pigeon

Après avoir lancé leur premier EP et remporté les Francouvertes en 2012, Stéphanie et Mélanie Boulay se sont retrouvées un peu partout. Dans les studios de radio, sur les scènes aux quatre coins du Québec, dans de nombreux festivals et sur le Web. Malgré leur jeune âge, elles enfilent les succès les uns après les autres, comme le titre de «nouvel artiste au plus grand potentiel» au Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ) la même année. Toutes ces expériences les ont sans contredis influencé dans l’écriture de leur premier opus, Le poids des confettis, réalisé par Philippe B, une grande réussite de plus sur leur longue liste.

Fidèles à elles-mêmes, Les sœurs Boulay se dévoilent sur les treize pièces qui composent leur album. Se dévoiler comme dans se mettre à nu, comme dans nous inviter dans leur plus profonde intimité. Alors qu’une des deux sœurs chante «Ôte-moi mon linge, beau sans dessein», puis «Ramène ta bouche, ramente tes bras, fais c’qu’y faut faire mais fais le vite», d’une voix presque langoureuse sur la quatrième piste, offerte aux sœurs par Stéphane Lafleur (Avec pas d’casque), on comprend qu’elles s’assument totalement. C’est donc à pieds joints qu’on plonge dans leur univers incroyable mais d’une grande simplicité, décrit à l’aide d’une poésie charmante.

Si la guitare acoustique et de doux instruments tels que l’ukulélé ou la mandoline, accompagnés de percussions minimalistes, sont l’élément central des mélodies harmonieuses des sœurs Boulay, c’est véritablement leurs voix claires en parfaite symbiose qui constituent la force des chansons. Souvent avec grande émotion, comme sur «Chanson de route», qui offre un beau clin d’œil à Sir Paul McCartney, tout en donnant un refrain touchant et saisissant – le seul dans la langue de Shakespeare –, et parfois presque avec humour, d’une voix assurée comme sur «Des shooters de fort sur ton bras», les sœurs Boulay interprètent leurs textes de merveilleuse façon.

Ce qui frappe également sur Le poids des confettis, c’est l’habileté avec laquelle Stéphanie et Mélanie racontent leur quotidien, leurs observations et leurs réflexions sur la vie, leurs expériences et même les paysages autour d’elles. Très poétiques, les textes des auteurs-compositrices-interprètes font parfois voyager, surtout en Gaspésie, qui les a vu grandir. «Y’a juste dans mon cœur un appel qui est fort, de bois, de terre et d’espace pour être mieux», paroles issues de «T’es pas game», sont le parfait exemple de l’attachement sentimental des sœurs à cette région, tout comme «J’aime ça nager dans l’eau frette, pogner une vague en plein nez», qui témoigne également de leur authenticité et du vocabulaire franc employé.

Au final, ce premier opus fait passer par toutes les gammes d’émotion, parfois en donnant des frissons, parfois en faisant sourire l’auditeur de façon incontrôlable. C’est qu’elles sont adorablement attachantes, les sœurs Boulay! On n’a qu’à écouter la rafraîchissante et rigolote «Lola en confiture» ou la dynamique «Cul-de-sac», qui présente un refrain laissant entendre une voix qui passe du corps à la tête sans accroc, pour en être convaincu. C’est d’ailleurs dans cette pièce qu’on comprend également que ces artistes n’ont pas besoin de grand-chose pour émerveiller, rythmant la chanson de «Tss Tss» produits avec la bouche, et la terminant d’une magnifique ligne, «Et notre folie sera grande et notre mémoire sera longue», répétée de cinq façons différentes, toutes aussi belles les unes que les autres.

Pour plus de sensibilité et d’émotions, il faut écouter la pièce d’ouverture, «Par le chignon du cou», qui débute de façon percutante, avec les deux voix en harmonie parfaite, a capella, ajoutant progressivement la guitare acoustique, puis la grosse caisse. La voix un peu éraillée par l’émotion de Stéphanie conclue également de très belle façon «Mappemonde», tout comme sur «Sac d’école», où elle nous fait entrer dans son intimité presque en murmurant: «J’essaie de pas péter ma coche, j’tapperais le monde entier din dents, mais j’suis peureuse pis maladroite». Finalement, la pièce qui clôt l’album, «Ça mouille les yeux», présente une Mélanie délicate, soutenue par sa sœur, d’abord à l’unisson, puis en harmonie, dans une belle progression comprenant une belle touche de cuivres, menant à une finale en intensité.

Mais les sœurs Boulay sont également inventives dans leurs arrangements, malgré la simplicité de leurs chansons folk. «Ton amour est passé de mode», presque sur le rythme d’une valse lente en 1-2-3, ou encore «Un trou noir au bout d’un appât», qui réussit à décupler l’émotion grâce à l’emploi d’un orchestre à cordes, sont aussi intéressantes et contribuent à faire en sorte que Le poids des confettis sera un album qui perdurera dans la mémoire collective québécoise. Un premier album réussi, soigné et bien fignolé, aux voix et aux textes presque trop beaux pour être vrais, le tout enrobé d’un charme inégalable.

Le lancement de l’album Le poids des confettis des Soeurs Boulay aura lieu le mardi 26 mars au Cabaret La Tulipe (4530 avenue Papineau) en formule 5 à 7. L’admission est gratuite et l’événement est ouvert à tous. L’opus sortira en magasin la même journée.

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