Le EP «Pili pili sur un croissant au beurre» de Gaël Faye – Bible urbaine

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Le EP «Pili pili sur un croissant au beurre» de Gaël Faye

Le EP «Pili pili sur un croissant au beurre» de Gaël Faye

Assaisonnement musical pour tous les goûts

Publié le 5 février 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : DEP/Universal

L’auteur-compositeur-interprète Gaël Faye, né d’une mère rwandaise et d’un père français en 1982 au Burundi, revient dix ans après l’écriture de «A-France» avec un maxi survolté d’une vingtaine de minutes. Au menu, une sélection de styles musicaux pour tous les goûts et des textes de qualité qui vous feront réfléchir longuement.

À cause de la guerre, le jeune MC a quitté sa terre natale à l’âge de 13 ans, se réfugiant en France pour trouver un refuge. À vingt ans, il a déjà trouvé sa voie: c’est avec l’écriture qu’il va exorciser ses démons où les thèmes de l’exil, du métissage et de la violence dans le monde.

Le maxi débute avec «Je pars», un morceau qui fait directement référence à l’exil qu’a connu Gaël Faye adolescent, alors qu’il quittait son pays natal avec aucune ambition, si ce n’est celle de sauver sa peau: «Je pars / Ma vie est trop maussade / Je pars / J’ai laissé une feuille remplie de mots sales / Je pars / Laissez-moi donc ma douleur / Je pars / Pour un monde fait de lumière et de couleurs / Je pars / Car le ciel est bas et gris». Rythmée par une section de cuivres colorée et des rimes reflétant l’espoir, cette chanson, aussi touchante soit-elle, présente un MC aujourd’hui bien dans sa peau.

La pièce «Blend, feat. Tumi & the Volume)», aussi rythmée que Love Revolution d’Inna Modja, est un heureux mélange de rap, de soul, de jazz, de semba, de rumba congolaise et de sebène, tout comme le reste de l’album d’ailleurs. Gaël Faye a eu la chance de s’allier à Guillaume Poncelet (ex-membre de l’Orchestre Nationale de Jazz), qui signe ici les arrangements de l’album, pour offrir une œuvre courte mais incontournable, avec bien sûr la participation de Ben l’Oncle Soul, l’interprète de l’exquise «Soul Man».

Dans «Slowoperation», la contrebasse, lourde et profonde, marque la cadence avec un Gaël Faye poète, qui dessine les contours de son avenir à coups de rhymes bien envoyés: «Je sais que la vie est une tempête que l’on traverse / Ce monde, il est vulgaire / C’est un tapin dans un hôtel / Je fais partie de ces jeunes-là qui ont grandi sans un modèle / Pour mes enfants, je l’espère, je serai un exemple». Juste, réfléchi et conscient de ses faiblesses, Gaël Faye se conditionne, dans cette chanson bercée par une voix féminine vaporeuse, à devenir un homme bien sans jamais exécrer la terre entière.

«Petit pays» nous transporte dans des territoires jusqu’alors inexplorés par le MC, qui fait ici appel à Tumi Molekane, rappeur du groupe sud-africain Tumi & the Volume, pour assaisonner ses paroles d’un chant africain d’une beauté exquise. Les thèmes de l’Afrique chérie et de l’exil sont récurrents, et c’est un Gaël Faye qui a pardonné à sa patrie qui chante, toujours posé, ses anciens amours perdus.

La chanson «Fils du hip-hop» détonne du reste, avec son beat hyper hip-hop et ses paroles sombres, un brin agressives. On reconnaît dans le chant de Faye la hargne qui habite OrelSan dans «Suicide social» et Youssoupha dans «Menace de mort». Notre écoute se clôture sur une note enragée et mi-rassasiée, nous laissant sur notre faim en attendant la sortie de l’album complet, dont la sortie numérique est prévue pour le 5 février et la copie physique le 19 février au Québec.

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