L’album homonyme de Swearin’: sincérité brute – Bible urbaine

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L’album homonyme de Swearin’: sincérité brute

L’album homonyme de Swearin’: sincérité brute

Publié le 23 novembre 2012 par Louis-Jean Trudeau

Sortez vos bouchons d’oreilles et vos chemises à carreaux. Seulement six mois après la parution de What a Dump, Swearin’ donnent suite à leur EP bien homemade avec un premier disque beaucoup plus robuste. La fascination du groupe pour les années 1990 reste intacte, mais le volume des guitares augmente allègrement grâce à une réalisation endurcie.

Swearin’ est le résultat d’une collision entre une panoplie de groupes de la scène punk lo-fi de la côte Est des États-Unis. De 2007 à 2011, Allison Crutchfield (voix, guitare) a évolué au sein de la formation riot grrrl mélodique P.S. Eliot. Délaissant la batterie, elle prend ici les devants et chante sur la majorité des pièces de l’album. Kyle Gilbride, deuxième chanteur et guitariste, s’est fait connaître avec Big Soda, groupe de rock indé natif de Brooklyn, qui partage énormément d’influences 90’s avec Swearin’. Avant de rejoindre la bande, Keith Spencer (basse) prêtait ses talents au trio sludge-punk Bad Blood Revival. Jeff Bolt (batterie), un ami commun d’Allison et Kyle, vient compléter l’alignement.

Sur son premier album homonyme, ce pseudo-supergroupe des bas fonds new-yorkais nous sert une bonne assiettée de pop-punk direct et incisif. Massivement inspiré par le college rock des années 1990, plus précisément Superchunk et The Breeders, Swearin’ fait défiler les brulots à quatre accords («Here to Hear», «Kenosha», «Just») avec un enthousiasme inébranlable. Les amplis de guitares sont barrés à 11 et les deux voix du groupe font de leur mieux pour se faire entendre. Le chant doux et rassurant de Crutchfield fait écho à Kim Deal, icône féminine du rock alternatif américain. À l’image des Pixies et de leur dualité légendaire, Gilbridge s’époumone dans un registre complètement opposé, disons plus près d’un jeune J. Mascis. 

Les bombes punk-slacker affluent, certes, mais Allison et Kyle se permettent également quelques ballades pour calmer le jeu. Sur «Divine Mimosa», le quatuor réalise un pastiche irréprochable de Yo La Tengo. Enregistrée avec les moyens du bord, la pièce chemine lentement sur les lignes de basse simples mais expressives de Keith Spencer avant d’aboutir à un refrain désarmant de Crutchfield: «Wide open spaces, foreign places, to find yourself, forget yourself, ‘cause you’re just getting old». «Empty Head», morceau guitare/voix de Gilbride, dégouline de sincérité brute. Combinant accords Nirvanaéns, texte crève-cœur et back vocals attendrissants, ce titre s’illustre comme une des belles surprises de l’album.

«The bluer the water, the closer to hell» entonne Allison Crutchfield sur la très Thermals-y «Hundreds and Thousands». Une réplique d’anthologie autant pessimiste qu’hilarante qui synthétise parfaitement ce premier album de Swearin’, ainsi que la contre-culture indie dont il inspire. Punk garage brillamment chancelant pour tous les adeptes du 90’s revival qui fait rage ces jours-ci.

Appréciation: ***½

Crédit photo: http://swearin.bandcamp.com

Écrit par: Louis-Jean Trudeau

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