L’album homonyme de Django Django – Bible urbaine

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L’album homonyme de Django Django

L’album homonyme de Django Django

Geeks hybrides

Publié le 7 décembre 2012 par Louis-Jean Trudeau

Crédit photo : www.djangodjango.co.uk

Nommé pour l’édition 2012 du prestigieux Mercury Prize, l’album homonyme de Django Django retient l’attention des mélomanes depuis sa parution en janvier dernier. Le quatuor écossais est formé d’anciens étudiants en arts avec une passion commune pour la pop expérimentale et le métissage des genres. Ce premier disque révèle un groupe débordant d’ambition qui n’a pas peur d’étaler sa culture musicale.

Tout simplement intitulée «Introduction», la pièce d’ouverture offre un condensé très efficient du son et de la démarche de Django Django. Sur un fond de grillons et autres bruits ambiants captés en pleine nature, le groupe vient entremêler les couches d’instrumentation électroniques et organiques: claviers synth-pop, effets sonores de Super Nintendo, percutions tribales et harmonies de voix astrales. Cet habile croisement entre psychédélisme insouciant (limite-hippy) et synthétiseurs 80’s caractérise une bonne partie de l’album. Essentiellement, Django Django remâche le psyché électronique du Beta Band et le freak-folk d’Animal Collective puis recrache des chansons pop.

Au-delà de leurs nombreuses influences, les gars semblent prendre un malin plaisir à jouer avec les conventions musicales et les structures de chansons. C’est ce plaisir contagieux et l’esprit aventurier du quatuor qui donnent quelques-uns des meilleurs titres du LP. «Default» se veut une approximation incroyablement nerdy d’une chanson dite «dansante». Un peu comme si les membres de Hot Chip avaient grandi en écoutant les Beach Boys au lieu des Pet Shop Boys. Donc, même si le groupe mise énormément sur les textures et les rythmes inusités, il arrive aussi à s’approprier certains classiques de la pop: mélodies vocales à la Brian Wilson («Zumm Zumm»), guitares de blues acoustique («Firewater») et riffs Dick Daliens extirpés de Pulp Fiction («Wor»).

Malgré la créativité surabondante de la formation, certaines pièces de l’album manquent cruellement de hooks et n’aboutissent pas à grand-chose. Avec son refrain brouillon et ses claviers dissonants, on passe rapidement par-dessus «Storm» pour se rendre au surf-pop de «Life’s a Beach». «Waveforms» nous transporte momentanément au milieu de la jungle avec une cohorte d’étudiants en arts plastiques qui découvrent l’alcool, mais ne propose aucun refrain valable pour faire lever le party. Outre ses harmonies vocales irréprochables, «Zumm Zumm» devient rapidement agaçante avec ses couplets ultra-répétitifs et ses synthés aussi agréables qu’un enfant en pleine overdose de sucre.

Si Django Django n’arrive pas tout à fait à tirer tout le jus de son hybridation psych-pop électronique, il laisse tout de même transparaître un potentiel créatif indéniable qui, on l’espère, se concrétisera sur un éventuel deuxième album.

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