«La place du fantôme» de La Grande Sophie – Bible urbaine

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«La place du fantôme» de La Grande Sophie

«La place du fantôme» de La Grande Sophie

Laisser parler les étrangers en nous

Publié le 20 février 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : DEP

Élu «Album de chansons de l’année» aux Victoires de la Musique 2013, La place du fantôme, sixième album de La Grande Sophie, est une œuvre à travers laquelle l’artiste française a appris à apprivoiser ses peurs, ses angoisses et ses obsessions.

La Grande Sophie a décidé de laisser parler l’étranger, ou plutôt ces étrangers qui se tapissent au fond d’elle-même, d’où l’origine du titre, La place du fantôme, qui signifie «phantasma» en grec. Ainsi, place aux fantasmes, au grand dévoilement, à l’impudeur, car avec cette couverture d’album au portrait dédoublé et plongé dans l’ombre, La Grande Sophie a sondé son inconscient pour nous dévoiler un disque sincère et personnel.

La peur de la mort, la peur de l’oubli, la peau de la souffrance, tant de craintes ayant marqué la vie de La Grande Sophie, alias Sophie Huriaux, comme en fait foi la chanson «Ne m’oublie pas», dans laquelle la star française des années 90 y chante sa crainte d’être oubliée: «Ne m’oublie pas sur la porte au milieu de tes clés / Ne m’oublie pas sous la flotte d’un parapluie mouillé / Ne m’oublie pas au fond d’un tiroir rouillé ou dans un vieux cahier».

Marquée par ses souffrances d’antan, La Grande Sophie nous transporte dans son univers et, malgré l’intimité flagrante de certain fragment de poésie, on se laisse aller, fermant les yeux, complice de ces mille tourments, partageant ici et là une part de sa peur, de ses angoisses, de ses désirs. Malgré le caractère sombre de certains morceaux, on sent néanmoins dans ses textes une envie d’affronter la vie malgré les embûches, comme en fait foi la pièce inaugurale «Bye bye», cet ode aux rêves envolés, ou encore «Suzanne», cette ballade acoustique chantée à un être cher.

Oscillant entre l’acoustique et le synthétique, La Grande Sophie partage son style musicale entre la fougue de Charlotte Gainsbourg, la douceur de Carla Bruni et la profondeur de Claire Denamur. Coréalisé par Vincent Taurelle, Vincent Taeger et Ludovic Bruni, de francs amateurs de jazz, La place du fantôme nous laisse à entendre un opus éclectique au sein duquel on entend, çà et là, un saxophone, une orgue, une contrebasse, un ocarina, bref, tout un assortiment d’instruments divers servant à donner une seconde dimension à cet album.

La version de luxe, seulement disponible en version digitale et qui comprend sept titres, notamment une reprise de la chanson «Sexy Boy» du tandem versaillais Air, est disponible depuis le 19 février. Cinq titres retravaillés avec un quatuor à cordes avec l’ajout du morceau «Ma romance», en cadeau. Plongez dans l’intimité de La Grande Sophie et vous en sortirez grandis.

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