MusiqueLa petite anecdote de
Crédit photo : Marc-André Bilodeau
Lima, Pérou. Fin juillet 2019.
Je suis en tournée avec le Cirque Éloize. J’en arrive à la fin de mon contrat d’un an.
Et je suis malade comme un chien.
Chaque fois que je viens en Amérique latine, mon corps est chamboulé. Comme s’il existait un historique entre nous, d’une autre vie.
Quand j’y repense, c’était peut-être la COVID. J’ai des étourdissements, je fais de l’arythmie, beaucoup d’anxiété.
Je suis clouée au lit.
Je décide éventuellement d’aller voir un médecin, mais ce n’est pas une chose facile. Je suis accompagnée par un équipier au grand cœur et à l’espagnol fluide.
Puis, de retour dans ma chambre, Gatorade et fruits en plus. Chaque fois que je sens que je m’endors, mon corps manque un beat et je sursaute, en sueur.
Maman.
Je pense à ma mère.
À ce moment-là, ma mère a reçu son diagnostic de l’Alzheimer environ deux ans plus tôt, et j’ai peine à vraiment comprendre ce que ça veut dire.
J’ai toujours eu peur du deuil.
Quand on me demandait étant jeune quelle était ma plus grande peur, je répondais: «perdre un proche». Est-ce qu’on peut manifester quelque chose comme ça? Est-ce que j’avais le feeling que ça s’en venait? Anyway.
Je pense à ma maman, à cette façon qu’elle avait de prendre soin de moi quand j’étais malade. Elle me faisait de la soupe, elle me bordait, mais surtout, elle avait un grand don d’empathie.
Penser à elle maintenant vient avec beaucoup d’émotions mixtes.
Entre deux tentatives de siestes, je décide de chanter; pour me rassurer ou me changer les idées, peut-être. Et alors, les paroles de ce qui deviendra la chanson «Holiday» viennent à moi:
«Take me away
with all the light inside your soul,
the love in your bones,
take me away with you»
Le lendemain, j’amène ma carcasse devant l’océan Pacifique. Je suis seule sur la plage. Je sens que je prends du mieux.
Tout doucement, j’ai fait une brèche dans mon deuil.