«La femme mangeuse des nuages du ciel» d’Anouk Aïata – Bible urbaine

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«La femme mangeuse des nuages du ciel» d’Anouk Aïata

«La femme mangeuse des nuages du ciel» d’Anouk Aïata

Transpercer les nuages tel un rayon de soleil

Publié le 29 mai 2013 par Laurine Cretenet

Crédit photo : Universal France

L'auteure-compositrice-interprète Anouk Aïata nous vient tout droit de Paris et propose un album folk coloré par la subtile guitare espagnole agrémenté d’un soupçon de jazz. C’est après sa rencontre avec le violoniste Amos Mâh, en 2010, que la jeune Française a décidé de monter le groupe portant son nom. Ensemble, ils ont porté le projet à bout de bras pour sortir un premier EP de quatre pièces en octobre 2012. Ils reviennent ce printemps avec un album au doux nom rempli d’originalité, La Femme Mangeuse des Nuages du Ciel. Un titre singulier nous rappelant une autre artiste française, Olivia Ruiz.

Anouk Aïata nous vient tout droit du jazz et de la musique world, ce qui s’entend clairement dans ce premier album. Elle manie aussi bien le français que l’anglais et alterne avec habilité et audace les styles musicaux pour nous transporter dans différents univers. On note une touche de musique tzigane, de calypso, de gospel, de country et de klezmer. Sa musique donne un brun d’exotisme en traversant différents pays de l’Europe de l’Est ou des pays orientaux. Son grain atypique légèrement cassé pourrait nous rappeler celui de la chanteuse Zaz. Mais son style est tout autre et bien plus envoûtant, similaire à celui de la chanteuse marocaine Hindi Zahra.

La voix suave d’Anouk Aïata réchauffe les cœurs et même les plus insensibles. Ses textes remplis de poésie stimulent l’imaginaire et sont une belle invitation au voyage. Ses références vastes vont de Baudelaire, Rimbaud et Verlaine, en passant par Brigitte Fontaine ou encore Barbara. Composé de onze pièces, cet album a un effet rafraichissant et la musicalité créée par la guitare espagnole et le violoncelle apporte de la luminosité à cet album.

C’est avec la mélancolie du piano qu’on entame l’album avec «L’Arbre à plume», qui ne manque pas de nous faire vibrer au son de la guitare. On poursuit la route sur «Lady Western», accompagnée de la souplesse du banjo, pour errer dans la pellicule d’un vieux western. À la fois mystérieuse et étincelante, Anouk Aïata chante un hymne à la lune dans sa pièce «Pourquoi regardes-tu la lune?» illuminant l’obscurité. «Le lendemain» et «Quoiqu’il m’en coûte» nous envoient directement dans les années 60 pour nous faire danser le yéyé. Ces dernières sont deux pièces qui se différencient des autres par leur style musical, mais qui sont malheureusement les moins accrocheuses de l’album. «I Forgot to Love» swigne et propose un beau melting-pot dans la rythmique variant les tonalités.

Sans aucun doute, le bijou de l’album, la chanson «Errer» qui manie parfaitement le jazz manouche, est enivrante. Par les paroles et la musique, on s’imagine sur la route dans une roulotte, dansant le flamenco. On pleure ensuite sur la beauté des textes de «Ce n’est pas une larme». Envoûtante, Anouk Aïata nous berce sur «Les ronds de fumée». Une cigarette n’a jamais été aussi fascinante et divine. Pour clore en beauté, «Minuit sonne» mêle les mots et les onomatopées pour composer un poème.

Un premier album réussi qui tombe à pic pour entamer l’été et s’autoriser des moments d’égarement. Anouk Aïata est audacieuse, créative, possède un talent d’écriture, et a surtout réussi à nous emmener dans son univers atemporel.

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