MusiqueEntrevues
Crédit photo : Emma Cortijo
«Ma passion pour la musique a toujours été très présente dans ma vie. Je n’ai jamais eu vraiment de déclic, dans le sens où je chante depuis toujours, depuis que je suis mini! Je chantais quand j’avais deux ans, j’étais dans une chorale à sept ans, je jouais du violoncelle à huit ans. La musique est omniprésente depuis le début.»
La musique comme matière première
L’auteure-compositrice-interprète n’a pas cherché longtemps pour trouver sa réelle passion. Avec cette sensibilité artistique qui l’habite et cette prédisposition pour la musique depuis son enfance, Pomme a toujours ressenti un appel fort pour ce médium, qu’elle a apprivoisé de façon autodidacte à travers les années. Cependant, elle a attendu sagement avant de s’autoproclamer chanteuse:
«L’idée de faire de la musique un métier est arrivée plus tard. Quand j’étais adolescente, les gens n’étaient pas très réceptifs à l’idée, et on dirait que je sentais une pression d’avoir un plan B parce que, malheureusement, ce n’est pas considéré comme un plan de carrière sérieux par plusieurs. Je disais toujours que je voulais être prof d’anglais et faire de la musique en parallèle. J’avais une crainte de ne pas réussir, je pense, et j’ai vraiment attendu de gagner ma vie avec la musique avant de le dire à mon entourage.»
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Malgré cette crainte qu’elle partage avec beaucoup d’autres artistes, l’histoire montre que la jeune femme de 24 ans a réussi à atteindre ses rêves, avec succès. L’évolution, très nette, est encore plus frappante entre son premier album, À peu près, paru en 2017, et les nombreuses moutures de son deuxième opus. Plus sombre, plus direct et plus minimaliste, les failles montre une artiste qui a creusé plus profondément dans son intériorité pour voir jaillir quelque chose qui la représente davantage:
«Je considère vraiment mon deuxième album comme mon premier. Mon «vrai» premier album, À peu près, ne me représentait pas pleinement. Avec le recul, j’ai constaté que j’avais fait plein de compromis, artistiquement parlant. Le processus a été hyper compliqué et il y avait plusieurs facteurs extérieurs et même personnels qui ne me convenaient pas à 100%. Un premier album, c’est toujours plus complexe, et je n’avais malheureusement pas pris le temps d’imposer mes choix.»
Un moteur de créativité plus authentique
Pour son deuxième opus, Pomme a décidé de laisser plus de place à ses envies, à ses désirs, et ce, dans un but bien précis: se montrer véritablement comme elle est, sans parure, sans faux-semblant:
«Je voulais faire comme si c’était la première fois que je me présentais au public. Les failles, c’est un peu une réponse à ça. J’étais vraiment dans une optique de créer quelque chose qui me ressemblait vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup, et de foncer tête première dans des trucs super intimes. J’avais vraiment l’impression que c’était un processus nécessaire pour retrouver une certaine authenticité, une certaine vérité dans ma musique.»
Dès la première écoute, il est facile de ressentir ce désir de retourner vers quelque chose de plus vrai. Ici, Pomme signe toutes les chansons, et elle tente à travers celles-ci d’apprivoiser ses failles en faisant preuve d’une capacité d’introspection désarmante: «Le processus a été de retourner vers quelque chose d’hyper intime, de minimaliste; de retourner à moi-même et, du coup, de sortir ce qu’il y a de beau, mais aussi ce qu’il y a de laid en moi; d’extérioriser mes émotions et mon anxiété pour créer un monde qui me ressemblait parfaitement à ce moment-là.»
Une année «confrontante»
Il est impossible aujourd’hui de parler d’une sortie d’album sans parler de la pandémie de coronavirus, qui a complètement déboussolé tous les aspects de notre société, incluant la façon dont les artistes créent leur musique et promeuvent le produit fini. Pour Pomme, le début de la pandémie a été, comme pour la grande majorité du monde, un évènement très stressant:
«Je t’avouerais qu’au début, ça m’a vraiment angoissé. Pendant la première vague, je trouvais ça vraiment difficile de fonctionner, mon anxiété prenait le dessus. J’ai beaucoup de difficulté à écrire et à créer quand je me sens contrainte, et en ce moment, il y a tellement d’impasses, de stress et d’incertitudes… En revanche, on dirait que, depuis cet été, j’ai vraiment réussi à let go et j’ai embarqué dans cette deuxième vague de façon plus sereine, en décidant que ça ne me dérangeait pas d’avoir un planning qui change constamment. Ça ne change pas le fait que j’ai vraiment hâte que ça soit fini pour recommencer à écrire librement, sans avoir cette pression de ‘’Je n’ai rien à faire donc je devrais écrire’’.»
Par un drôle de hasard, il semble que son timing et celui de la pandémie n’ont jamais cessé de se synchroniser, ce qu’elle trouve maintenant plutôt cocasse avec le recul: «La deuxième édition est sortie le 14 février et, trois semaines après, il y a eu le confinement. C’était assez frustrant, parce que ça a vraiment écourté la durée de vie de mon projet. L’ironie du truc, c’est que j’ai sorti mon “halloween version” exactement au même moment que le deuxième confinement! La journée même, tous les magasins fermaient! C’était un peu la merde!»
Malgré tout, elle réussit à entrevoir le positif dans toutes ces péripéties: «Avec la pandémie, c’était une des seules fois dans ma vie où j’ai vraiment ralenti et pris le temps. J’ai toujours été super occupée, à travailler et à bouger partout comme une folle, et c’est la première fois que j’ai réalisé que je vieillissais, que les 30 ans arrivaient à grands pas et s’installaient tranquillement. Symboliquement, ça m’a permis de boucler la boucle et d’aller au bout d’un processus qui s’était enclenché il y a pile un an. J’ai l’impression, malgré tout, d’avoir fini le tout en beauté!»
De retour à Montréal pour le temps des fêtes, elle profite de l’occasion pour revoir ses amis et pour faire la promotion de son album les failles cachées. Véritable passionnée du Québec, elle parle de notre petit coin de pays avec beaucoup d’enthousiasme, comme elle a eu un coup de foudre immédiat pour notre culture:
«À la base, j’ai toujours éprouvé une fascination pour le Québec. Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais cela a commencé lorsque j’écoutais Cœur de pirate à 15 ans. Après, j’étais super curieuse et je suis allée voir le site de son label où j’ai découvert Les sœurs Boulay, Fanny Bloom et plein d’autres artistes que personne ne connaissait en France. Je suis alors tombée en amour avec la musique d’ici, qui reflétait parfaitement ce que j’ai toujours voulu faire, et je n’avais malheureusement jamais trouvé cette inspiration en France, du moins, jamais avec la même passion!»
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Si la situation s’améliore rapidement, elle est censée se produire sur scène à la Salle Jean-Despréz de Gatineau le 4 février, au Cabaret La Tulipe de Montréal le 5 février 2021 et le lendemain, le 6 février, à l’Impérial Bell de Québec.
«Normalement, ça devrait être sensiblement le même spectacle que j’ai débuté en France en janvier 2020 et qui devait se poursuivre jusqu’en 2021 chez vous. Pour la première fois de ma vie, j’avais des musiciennes avec moi sur scène! Par contre, je ne sais pas du tout quelle sera la formule, puisque je ne sais pas si elles vont être capables de venir ici… Donc, peut-être que je vais être de retour en solo, peut-être avec mon groupe, je ne sais vraiment pas! Mais après, si c’est vraiment la catastrophe et qu’on ne peut pas encore faire des concerts, je serai obligée de décaler la tournée! Mais c’est sûr que je vais venir donner des spectacles ici. J’adore faire des tournées au Québec et, dans tous les cas, je ne vais jamais annuler. Je vais le reporter de douze mois s’il le faut, mais vous allez me voir en spectacle!»