«La boca» d’Alejandra Ribera – Bible urbaine

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«La boca» d’Alejandra Ribera

«La boca» d’Alejandra Ribera

Une œuvre sensible, une voix déstabilisante

Publié le 5 février 2014 par Éric Dumais

Crédit photo : Six media

Rares sont les voix qui enchantent et séduisent à la première écoute. Certains artistes contemporains ont pourtant réussi ce défi, que l’on pense entre autres à Adele, Laura Mvula ou Lianne La Havas ou plus récemment Alejandra Ribera, une chanteuse torontoise qui a récemment établi ses quartiers à Montréal.

On ressent, à travers ce filet de voix tremblotant et nasillard, une gamme d’émotions allant de la surprise à l’émerveillement. Tout d’abord dépaysé par autant d’exotisme, l’auditeur se retrouve vite devant une expérience sonore et vocale qui le fait voyager dans des contrées où sont déjà passés Shakira, Tom Waits et Lhasa de Sela. Alejandra Ribera nous invite donc à prendre part à un voyage singulier dont la première destination est «La boca», une pièce tout en variations, où le chant ensorceleur de la Montréalaise accompagne les touches agitées d’un piano.

On ressent bien ce désir d’équilibrer les fondations sur cet album qui permet toujours à la poussière de retomber. Comme le calme après la tempête, les segments plus chargés laissent toujours la place à des chansons plus modérées, offrant par le fait même la possibilité à l’auditeur de souffler un peu. «Goodnight Persephone» est, avec «I Want», l’une des plus belles ballades de l’opus. Comme le révèle l’artiste elle-même, «I Want est une chanson basée sur une liste d’émotions dans laquelle nous puisons pour trouver l’espoir et sortir de ces moments sombres où nous nous retrouvons parfois. Que ce soit embrasser un ami sur le front, prier ou danser seule dans ma chambre […]».

Jonglant entre le français, l’anglais et l’espagnol, Alejandra Ribera chante toujours avec sincérité. Parfois l’aspect minimaliste de certaines mélodies fait penser à certains moments tendres de Sigur Rós, surtout lorsqu’elle adopte ce chant langoureux et allongé. Les chansons «Mars» et «Relojes», avec en arrière-plan une contrebasse très jazzy, dynamisent bien le tableau d’ensemble, la voix de Ribera s’ajustant à ce ton plus festif sans aucune anicroche.

Alejandra Ribera est décidément une artiste à surveiller de près en 2014 et l’apport du producteur de renom Jean Massicotte (Patrick Watson, Lhasa de Sela, Arthur H) se ressent à chaque morceau. L’occasion de la voir en chair et en os sera possible dès le 6 mars au Lion d’Or de Montréal et le 4 avril au Petit Champlain de Québec.

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