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Crédit photo : Dare to Care
Les bandes sonores de Trauma ont toutes en commun de reprendre des pièces anglophones de chanteurs ou de groupes généralement assez connus, chantées par des voix douces accompagnées d’un groupe d’instruments épuré. Ainsi, Béatrice Martin a eu le choix de sélectionner certaines pièces, telles que «Music When the Lights Go Out» (The Libertines), «Slow Show» (The National), «Bottom of the World» (Tom Waits) et «Flume» (Bon Iver), alors que d’autres avaient été préalablement choisies par l’auteure de l’émission. On compte aussi, entre autres, des chansons des Rolling Stones, des sœurs McGarrigle, d’Amy Winehouse et de Patrick Watson.
L’album s’ouvre sur «Ain’t No Sunshine» de Bill Withers, dans une version très éloignée de l’originale. En effet, Béatrice Martin a laissé tomber les sonorités propres au soul pour faire place à une interprétation très théâtrale avec des vocalises en résonnance, des percutions imposantes et une mélodie discrète au violoncelle. Un choix judicieux, puisque l’originalité de la pièce et sa courte durée nous donnent envie rapidement d’écouter les suivantes.
On se souvient tous de «Last Kiss» de Wayne Cochran, popularisée par Pearl Jam en 1999, une ballade très triste si on prend le temps de bien écouter les paroles, mais dont la mélodie originale est presque joyeuse. Cœur de pirate a décidé de lui donner la trame qui collait avec le fond, ce qui nous permet de mieux nous imprégner des paroles, tout en conservant le son rétro de la version originale.
Les ballades où la voix de la chanteuse se conjuguent avec le seul son du piano sont plus traditionnelles, mais aussi les plus saisissantes et poétiques – on pense surtout à «Lucille», «Dead Flowers» et «Slow Show».
«Summer Wine», la pièce se rapprochant le plus de sa première version (Nancy Sinatra et Lee Hazlewood), s’écoute assez bien, mais elle déçoit quelque peu. Si certains duos peuvent aisément être chantés par une seule et même personne, on a l’impression que ce n’est pas le cas ici, car les paroles et la mélodie enivrantes sont mieux partagés par la complicité de deux voix, telles que les versions de Lana Del Rey et Barrie-James O’Neill et de Bono (U2) et Andrea Corr.
Malgré ce petit «bémol», cette bande sonore est définitivement un incontournable pour les fans de Cœur de pirate. Comme nous sommes habitués d’entendre la jeune musicienne en français, ce nouveau projet est vraiment rafraîchissant et parfaitement adapté à la température de notre hiver changeant. À écouter en pyjama, un dimanche après-midi ou un soir pluvieux, dans un bon état d’esprit (attention aux cœurs fragiles, certaines pièces sont bouleversantes!) Le genre d’album qui peut facilement s’imprégner aux événements du quotidien et rester en nous telle la bande sonore de notre propre film.
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de la rédaction