L’album homonyme d’Ex-Cult – Bible urbaine

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L’album homonyme d’Ex-Cult

L’album homonyme d’Ex-Cult

Terreur à Memphis

Publié le 8 janvier 2013 par Louis-Jean Trudeau

Crédit photo : Goner

Au cours des dernières années, la scène punk garage de Memphis a servi de tremplin à bon nombre de groupes cultes en devenir. Le regretté Jay Reatard y a laissé sa marque sanglante avec l’incontournable Blood Visions, tout comme Reigning Sound l’avait fait deux ans plus tôt avec Too Much Guitar et son titre mensongé (il n’y a jamais trop de guitares). Ex-Cult (anciennement Sex Cult avant une fâcheuse mise en demeure) sont les derniers prétendants au mythique trône du rock n’ roll memphisien.

Enregistré à San Francisco avec Ty Segall (champion en titre du rock garage américain), ce premier disque d’Ex-Cult puise son inspiration dans les extrémités de l’histoire du punk, c’est-à-dire dans les périodes protopunk et post-punk. Le groupe affiche ses couleurs avec «Knives On Both Sides», titre d’ouverture et clin d’œil au groupe britannique Magazine. Portée par une qualité d’enregistrement typiquement segallienne (lire: tout croche), la pièce nous balance une rafale de guitares dissonantes en pleine figure en guise d’invitation vers un bal post-punk chaperonné par Mark E. Smith et les Minutemen.

Animé par la même rage que les frontmen de formations hardcore des années 1980, Chris Shaw chante l’aliénation de la jeune vingtaine avec véhémence et conviction. D’ailleurs, les titres des chansons dressent un joyeux portrait du contenu de l’album: «Don’t Feel Anything», «Young Trash», «Future Victims», etc. Il règne une atmosphère sinistre sur la plupart des morceaux, et on sent que le groupe prend son pied à maintenir cette tension en vie. Le rire diabolique de Shaw vient rajouter un élément théâtral intéressant aux accords écorchés de «Day to Day», tandis que les envolés noise de «Cemetary Secretary» forcent l’auditeur à rester sur ses gardes.

À travers l’assaut perpétuel d’accords barrés et autre violence sonore, l’album comporte quelques moments pop très bien faits. Après tout, Ex-Cult partage quelques-uns de ses membres avec le groupe indie pop Magic Kids. Pour «Better Life Through Chemistry», Shaw met de côté son fiel habituel et laisse toute la place aux riffs entraînants de ses deux guitaristes. La sautillante «M.P.D.», avec ses solos de guitares qui imitent parfaitement un saxophone, montre également la capacité qu’a Ex-Cult pour l’écriture de chansons un peu plus catchy.

Avec leur premier long jeu, les gars (et fille) d’Ex-Cult n’atteignent pas tout à fait les sommets de leurs compatriotes punk-rockeurs, mais ils livrent tout de même un album de post-punk déglingué et des plus convaincants. À découvrir pour les fans de The Fall, The Men et White Lung.

Ex-Cult sera en spectacle au Cabaret du Mile-End le 5 février prochain en première partie de Ty Segall.

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