«Jusqu'à la mer» d'Amélie-les-crayons – Bible urbaine

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«Jusqu’à la mer» d’Amélie-les-crayons

«Jusqu’à la mer» d’Amélie-les-crayons

Espoir incarné et encouragement palpable

Publié le 7 mars 2013 par Olivier Boivin

Crédit photo : Six Media

Le mandat de l'auteure-compositeure-interprète Amélie-les-crayons est à la fois simple et spécial: celui de créer un album à l'univers unique sans jamais se répéter. Elle n'en demande pas plus et sa mission sacrée est considérablement réussie avec ce nouvel album, intitulé Jusqu'à la mer. On y retrouve des chansons personnelles et profondes, à la fois empreintes d'une nostalgie douce et chaleureuse, le tout présenté dans un emballage tout aussi magnifique que son contenu.

L’album physique est une œuvre d’art en soi: un coffret rigide comprenant seize fiches cartonnées et plastifiées où l’on distingue d’un seul côté une illustration réalisée par Samuel Ribeyron, et de l’autre le texte de la chanson. Entre surréalisme et symbolisme, les couleurs pastelles collent très bien à chacune des treize pièces, le tout délivrant beaucoup de poésie aux paroles écrites à l’endos. Un concept qui allie un emballage charmant à un contenu consistant.

Quel est l’univers présenté sur Jusqu’à la mer? La première chanson, «Voyager léger», fait d’emblée penser à Linda Lemay lorsque cette dernière adopte un chant semi-parlé, avec une lyre et une guitare qui apportent un aspect celtique. «Y’a les pieds sous la table et ma tête a tourné / Y’a ma vie dans le sable et le temps a filé.» Puis on entend la fragilité d’une Ingrid St-Pierre avec «On n’est pas fatigués», remerciant l’être aimé. «On a pris les lacets à travers la montagne / On se promène dans les sommets / On s’accompagne / On n’a plus de maison / Il nous reste les chansons…». Sur la troisième plage, «Mon ami», on risque d’y verser une larme ou deux puisqu’elle touche droit au cœur; c’est en quelque sorte une espèce de prière à la volonté qu’une amitié perdure et traverse les tempêtes. C’est beau, c’est tristounet, c’est la vie. «Mon ami, toi qui peine à être seul chaque matin / De la ville je te ramène / Un immense morceau de laine / Pendant que mes aiguilles et moi / Nous prions pour toi…». «Marie Morgane» se veut plus festive grâce aux sonorités folkloriques et celtiques qui refont surface.

Décidément, d’une pièce à l’autre, le charme opère et on ressent des bouffées de chaleur comme si un message plus ou moins lointain dans le temps, lequel est empreint d’amour et de courage, traversait notre corps dès la première écoute. Le résultat est thérapeutique et magnifique. Pour ceux qui ont déjà connu des années dans les boyscouts, «Les filles des forges» rappelle une chanson de bivouac bien connue qui s’intitule «Debout les gars»; son air est semblable et le message est le même: on va y arriver malgré les embûches! «Les vents des brumes» nous fait penser aux Cinq Saisons d’Harmonium; c’est la mélancolie des voix angéliques qui permet cette similitude.

Le nombre d’instruments de musique et d’outils sonores utilisés sur Jusqu’à la mer sont plutôt impressionnants: du glock, à la lyre, en passant par la clarinette, la flûte de pan et la mandoline, la basse, la basse glockenspiel, la clarinette et l’accordéon, l’album Jusqu’à la mer d’Amélie-les-crayons est un monde de sonorités et de saveurs.

Amélie-les-crayons, c’est aussi l’espoir incarné et l’encouragement palpable. Un album d’une beauté exquise se rapprochant d’une part à l’intimité qu’ont su transmettre des artistes comme Catherine Major, Ingrid St-Pierre ou encore Linda Lemay, tout en conservant une intégrité et une façon bien à elle de démontrer son amour. C’est un album à écouter seul ou avec son être cher.

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