John Mayer repart à zéro avec son nouvel album «Born and Raised» – Bible urbaine

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John Mayer repart à zéro avec son nouvel album «Born and Raised»

John Mayer repart à zéro avec son nouvel album «Born and Raised»

Publié le 7 juin 2012 par Alice Côté Dupuis

À 34 ans, John Mayer réalise qu’il a trop fait les unes de tabloïds, qu’il a délaissé sa famille et ses amis, mais qu’il n’est pas trop tard pour se rattraper. Un de ces jours, il sera bel et bien «born and raised» et pourra devenir un homme nouveau. Pour l’instant, c’est un meilleur album que tous ses précédents qu’il nous offre en se mettant à nu autant dans ses paroles que dans la simplicité de sa musique.

«Born and Raised» a indéniablement agi à titre de thérapie pour John Mayer, qui se guérit de son passé en réalisant ce qu’il a fait et, même, en s’excusant. «I’m a good man with a good heart, had a tough time, got a rough start, but I finally learned to let it go», chante-t-il sur le premier extrait radio du nouvel opus, «Shadow Days». Sans toutefois perdre ce qui le caractérisait si bien sur ses quatre autres albums studios, le chanteur reconnu comme étant l’un des dix plus grands guitaristes de ce monde, se montre plus vulnérable et l’émotion dans ses paroles semble sincère. Tout en douceur, son dernier chef-d’œuvre offre davantage de ballades que de rock, et emprunte au folk américain beaucoup de sonorités.

C’est en effet inspiré par Bob Dylan, Neil Young et même Joni Mitchell, qu’il cite dans la première chanson de l’album, «Queen of California», que John Mayer a créé un album plus acoustique qu’électrique. Projet complexe et complet, «Born and Raised» explore plusieurs styles, flirtant avec le blues sur quelques compositions, mêlant même un peu de bluegrass au répertoire, avec l’aimable participation de la violoniste Sara Watkins sur «A Face to Call Home». C’est finalement sur «Born and Raised (Reprise)» que Mayer déballe son côté country, presque western, avec entre autres de l’harmonica, instrument que l’on retrouve un peu partout sur l’album, maintenant que l’auteur-compositeur-interprète a appris à (bien) en jouer.

Sur «Born and Raised», John Mayer parle de la façon dont il voit le monde, lui qui a passé six mois à voyager dans l’ouest des États-Unis après s’être fait opérer pour un granulome aux amygdales. S’il ne pouvait pas parler, il s’est mis à analyser ce qui se trouvait autour de lui et de sa propre existence. C’est sans doute de là que provient l’introspection sur sa vie qui est présente dans les paroles de presque toutes les chansons de son dernier album. On le sent descendre de son nuage, surtout sur la chanson-titre, avec des paroles comme «It gets hard to fake what I won’t be».

S’il ne veut plus jouer un personnage qu’il n’est pas, Mayer continue à jouer de la guitare avec une extrême habileté. Tantôt acoustiques, tantôt électriques, plusieurs solos ajoutent du mordant aux compositions de «Born and Raised» qui sont toutes intéressantes à leur façon, malgré leur rythme souvent très lent, par rapport à ce qu’il nous avait habitués sur ses précédents albums. Passant de la bluesy «Walt Grave’s Submarine Test, January 1967», qui commence avec un solo de trompette interprété par Chris Botti, à la gospel «Something like Olivia», qui présente des chœurs envoûtants et l’orgue de Chuck Leavell, le cinquième album du prodige du Connecticut charme dès la première écoute. Parfait pour un road trip dans l’Ouest américain, «Born and Raised» présente le bon vieux John Mayer qui nous a charmés avec Continuum en 2006, avec des paroles pertinentes et profondes. C’est surtout sur «Love is a Verb» qu’il nous séduit en nous démontrant sa philosophie de l’amour: «when you show the love, I don’t need your words, love ain’t a thing, love is a verb».

Finalement, la finale de «A Face to Call Home», où tous les instruments se joignent avec puissance, nous convainc que John Mayer a encore une fois fait preuve d’un grand génie en composant autant la musique que les paroles de «Born and Raised». Les fans ne pourront être déçus que d’un seul élément: Mayer a dû annuler sa série de 21 concerts, car sa condition à la gorge a récidivé.

«Born and Raised», le cinquième album studio de John Mayer, est disponible depuis le 22 mai 2012.

Appréciation: ****

Crédit photo: http://johnmayer.com

Écrit par: Alice Côté Dupuis

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