«Invisible Empire // Crescent Moon» de KT Tunstall – Bible urbaine

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«Invisible Empire // Crescent Moon» de KT Tunstall

«Invisible Empire // Crescent Moon» de KT Tunstall

Arrivée à maturité

Publié le 24 juillet 2013 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Virgin

C’est après avoir traversé les hits pop reproduits dans les films de filles, le folk alternatif sur Drastic Fantastic (2007) et les expériences électro-pop sur Tiger Suit (2009) que l’auteure-compositrice-interprète écossaise KT Tunstall s’est posée calmement pour réfléchir. Penser à ne pas se répéter, mais surtout, penser aux souvenirs, ceux de son père décédé et de son mariage terminé. Mélancolique, Invisible Empire // Crescent Moon? Plutôt doux et compréhensif, cherchant à comprendre, à rappeler plutôt qu’à juger. Un cinquième album mature finalement.

C’est aussi sur Invisible Empire // Crescent Moon que la chanteuse fait preuve de la plus grande polyvalence au niveau de la voix. Les passages de voix de corps à voix de tête sont nombreux et se font sans accroc. Bien que cette technique vocale n’était pas coutume sur ses autres albums, elle va à merveille à KT Tunstall, qui présente une voix plus mûre sur ce cinquième opus, tout comme le sont des arrangements et ses chansons elles-mêmes.

On est en effet bien loin de «Black Horse and the Cherry Tree», le tout premier extrait de la chanteuse, paru sur Eye to the Telescope en 2004, et joué en solo, avec un loop pedal et beaucoup d’inventivité (de pratique, aussi!) Il faut dire que la chanteuse a mûri depuis, et son nouvel opus le démontre bien en présentant une voix et des textes très sentis. Dans un style un peu plus country, plus près de ses racines, KT Tunstall parle maintenant davantage de pardon que de recherche de soi. Mais si le pardon et le souvenir sont des thèmes plutôt positifs, c’est une ambiance tout de même sombre qui teinte cet album, où la guitare acoustique est prédominante et supportée par de doux pianos, batteries et basses, ici et là.

On sent la chanteuse plus en contrôle, et la femme plus outillée. La fragilité avec laquelle Tunstall se dévoile sur Invisible Empire // Crescent Moon nous berce au fil des treize chansons de l’opus, lequel est divisé en deux parties qui correspondent aux deux événements majeurs de sa dernière année: la mort de son père et son divorce avec son batteur Luke Bullen. Que ce soit sur les pièces d’ouvertures des deux parties du projet, «Invisible Empire» et «Crescent Moon», cette dernière présentant des instruments un peu plus planants en arrière-plan et qui recréent le doux son du vent, ou sur «Yellow Flower», sur laquelle c’est le piano qui accompagne la douce voix de la chanteuse, il est possible d’entendre toute la sensibilité de l’interprète.

La KT Tunstall des débuts n’est toutefois pas très loin: les guitares plus électriques et la construction de certaines chansons rappellent certaines pièces d’Eye to the Telescope (2004) comme «Made of Glass», qui présente de sublimes sifflements formant une belle mélodie, et «Carried», où une tambourine et une guitare hawaïenne donnent un rythme rappelant «Miniature Disaster». Sans oublier la reprise, en dernière pièce, du morceau «Feel it All» version band jam qui est nettement plus pop que l’ensemble de ce disque. D’autres morceaux présentent pourtant des influences davantage jazz, voire blues, comme c’est le cas sur «How You Kill Me», qui met de l’avant des violons aux cordes pincées, et la lente mais jolie «Waiting on the Heart».

Heureusement, certaines pièces sont un peu plus entraînantes, à commencer par «Feel It All», mais surtout «Honeydew», sur laquelle une guitare franche suit la mélodie créée par la voix de Tunstall, et une clarinette basse se fait entendre lors d’un fort joli solo. Mais il ne faut pas croire que la douceur et l’ambiance feutrée d’Invisible Empire // Crescent Moon soient un défaut en soi. Elles témoignent plutôt d’une maturité et d’une sensibilité inspirantes, car tout le monde vieillit, et le public de KT Tunstall l’a fait en même temps qu’elle. Cette musique plus «adulte» est parfaite pour les soirées d’été, pour de la musique d’ambiance, sans énerver, mais sans soulever non plus.

Le plus récent opus de KT Tunstall, Invisible Empire // Crescent Moon est paru sous l’étiquette Virgin Records et est disponible en magasin depuis le 11 juin dernier.

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