«Indicud» de Kid Cudi – Bible urbaine

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«Indicud» de Kid Cudi

«Indicud» de Kid Cudi

Le retour de l’enfant prodige

Publié le 15 mai 2013 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Wicked Awesome

Trois ans se sont écoulés depuis la sortie de Man on the Moon II: The Legend of Mr. Rager (2010), et ce n’est pas parce que Kid Cudi a fait l’école buissonnière. Cet ancien protégé de Kanye West a enregistré un disque sous le nom WZRD (duo dont il fait partie avec Dot Da Genius, l’album homonyme est paru en 2012) et il a collaboré avec MGMT, Ratatat et, bien sûr, Kanye West.

Kid Cudi, alias Scott Mescudi, s’est rapidement imposé comme un des rappeurs favoris des dernières années, et ce, depuis son succès «Day n’ Nite» en 2009. Il a su se distinguer grâce à son alliage de guitare, de rythmes dance, son flow (débit) plutôt flegmatique et une touche de psychédélique. Il nous présente sa troisième offrande solo et officielle, une sorte de conclusion à la trilogie amorcée par Man on the Moon: The End of Day (2009).

Ses ambitions pour Indicud étaient gigantesques: il l’a annoncé comme étant sa version de The Chronic 2001 de Dr. Dre, un album qui a marqué un tournant dans l’histoire du légendaire rappeur. Le rapprochement entre Kid Cudi et l’ancien membre de N. W. A. est logique; Cudi a démarré sa propre étiquette Wicked Awesome Records, il produit et réalise sa musique, en plus d’introduire d’autres artistes.

Ce nouvel opus contient dix-huit nouvelles chansons, dont deux instrumentales, et dure soixante-dix minutes. Il y a une kyrielle de chanteurs invités: Too $hort, RZA, A$AP Rocky, King Chip et Father John Misty.

Les collaborations sont intéressantes, particulièrement la pièce «Red Eye», chantée par Haim, qui est une superbe chanson très accrocheuse à saveur rythme du monde. L’extrait «Afterwards (Bring Yo Friends)» peut sembler dénaturé, de prime abord, car elle est un étonnant travail d’équipe réunissant Cudi, King Chip et Michael Bolton qui offre une pièce de neuf minutes contenant des textures légèrement industrielles.

«Just What I Am» est une excellente chanson de fin de soirée. Un des moments puissants de cette galette est «Immortal», qui est construite à l’aide d’un échantillonnage, de «Congratulations» de MGMT, qui est jouée à l’envers et en accéléré. Le très prisé Kendrick Lamar fait également une apparition sur «Solo Dolo Part II». L’extrait «Young Lady», dont le refrain est littéralement psalmodié par Father John Misty, est hallucinante.

C’est le genre d’album qu’il vaut mieux écouter attentivement, sinon on risque de passer à côté des détails qui font de cet artiste hip-hop un musicien inventif, ce qui constitue la personnalité de Kid Cudi. Son approche est unique, il s’intéresse au rock, aux groupes tels que Nirvana et Pink Floyd, et il joue la majorité des instruments sur cette parution. D’ailleurs, si l’on se donne la peine de s’étendre sur le dos afin de bien écouter la musique tout en rêvassant, nous avons le sentiment de voyager dans un univers parallèle, ce qui nous évoque Pink Floyd.

Ses paroles sont représentatives de ce qu’il est, un homme de vingt-neuf ans qui est différent, et de ce qu’il vit aussi; que ce soit la dépression, les drogues et les règlements de compte avec les gens artificiels et hypocrites. Dans la chanson «Cold Blooded», il explique pourquoi il a quitté l’étiquette de Kanye West: I got a vendetta with showing n***** that I’m way better / Feeling way worthless / The lost black sheep of G.O.O.D. Music / Only good for a hook, huh? / Let me show you flows.

Cependant, il ne se distingue pas au niveau du choix de vocabulaire, qualifiant allègrement les femmes de bitches et en utilisant le terme n***** à profusion. Si vous portez attention aux paroles du refrain de «Girls», dont le refrain est exécuté par Too $hort (Open up those exotic thighs / The baddest little bitch half-Black / half-Thai / Don’t be prejudiced / cause she’s mixed / I’d still fuck the Blackest bitch), vous vous souviendrez que le débat à propos de la place de la femme dans le hip-hop n’est pas terminé.

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