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Crédit photo : Ponderosa Music & Art
S’il y a bien un pianiste classique dont il faut absolument collectionner les albums, vendus à plus d’un million d’exemplaires, c’est très certainement Ludovico Einaudi. D’abord, parce que ses compositions uniques proposent des mélodies rythmées comme nulle autre, et que c’est grâce à son talent de maître et ses influences, notamment Chopin et Satie, qu’il nous a poussés jusqu’aux larmes dans les plus belles scènes des Intouchables (2012), chef–d’œuvre français réalisé par Éric Toledano et Olivier Nakache, duquel il signait la trame sonore.
In a Time Lapse, dont l’édition de luxe propose dix-neuf titres, est une réflexion sur le temps, sur notre vécu et nos émotions profondes qui alimentent le quotidien. Ces dix-neuf mélodies sont rassemblées dans cet espace temporel très vaste et orchestral qu’il compare lui même à un roman.
Ludovico Einaudi y incorpore en effet plusieurs instruments à cordes surtout, notamment la guitare électrique, le violon, le glockenspiel, mais aussi le synthétiseur, la violoncelle, l’alto, la contrebasse et, bien sûr, le piano, dont l’ensemble est recouvert d’une fine couche synthétique qui ajoute à l’atmosphère bienfaisante de l’album.
Fidèle à ses mélodies douces comme la soie, Ludovico Einaudi ouvre In a Time Lapse à pas feutrés avec «Corale», une pièce calme et cinématographique bercée par un violon et une basse synthétique marquant un rythme d’une lenteur reposante. Cet effet de transe s’amplifie avec «Time Lapse», qui ressemble drôlement à l’ambiance électronique de Divenire, l’album le plus synthétiquement retouché du compositeur à ce jour.
In a Time Lapse jongle en effet entre la période orchestrale et expérimentale de Nightbook (2009) et celle plus tranquille de Le Onde (2004), à la différence près qu’il assaisonne ici sa pièce de fins arpèges à la guitare électrique, donnant une touche plus dynamique au tableau d’ensemble.
Des morceaux plus complexes ajoutent à la perspective et aux variations une dimension plus profonde tels que «Life», dont le violon, frénétique à la Vivaldi, mène la barque devant un piano et un glockenspiel plus en retrait. Les chansons «Run», «Two Trees» et «Underworld» viennent réitérer les plus beaux moments de «Corale», puis s’inscrivent comme étant une représentation du calme après la tempête, car Ludovico Einaudi explore des territoires plus complexes et tragiques avec In a Time Lapse, notamment avec la saccadée «Brothers», l’inquiétante «Newton’s Cradle», la tragique «Experience» et l’encourageante «Burning».
Alors que Divenire s’est inscrit, dès sa sortie, comme étant l’un des plus beaux albums du compositeur et pianiste italien, In a Time Lapse est sans contredit son œuvre la plus aboutie à ce jour. Versatile, cet album puise son énergie à travers les passions de Ludovico Einaudi et met de l’avant un caractère beaucoup plus éclectique que les mélodies parfois trop redondantes de son prédécesseur. Un opus, en somme, à savourer tranquillement dès l’aube, pour mettre un peu de rayons de soleil dans sa journée.
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de la rédaction