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Crédit photo : Secret City
Il est parfois complexe de réduire en mots un phénomène, voire un buzz musical, mais force est d’admettre que Suuns est apparu, au cours de l’année 2006, comme un vrai météorite sur la scène locale montréalaise. Sculpture aux contours sombres, drapés aux définitions baignées de clair-obscur, Zeroes QC s’apprivoisait, dès sa sortie sur Secretly Canadian, comme une œuvre d’art déstabilisante qui allait demander un certain temps de réflexion, et d’adaptation.
Le chant relâché de Shemie, les notes de guitares de Yarmush, comme jetées à la dérobées, les textures électroniques d’Henry, pulsées mais soyeuses à l’oreille, le cocktail était définitivement savoureux et a permis l’éclosion des pièces phares «Armed for Peace», «Gaze», «Arena» et «Up Past the Nursery», dont les rythmiques pop permettaient de décrocher, un temps, de la fougue expérimentale du quatuor.
Images du futur est, en ce sens, la suite logique de son prédécesseur, ne serait-ce que pour l’intensité musicale qui se dégageait, jadis, de l’ensemble. L’innovation a été accordée aux nouvelles textures, qui apportent cette fois-ci un pigment solide et brut à cette seconde œuvre d’art.
La pièce d’ouverture «Powers of Ten» met bien en évidence le chant mâchouillé de Ben Shemie et la désinvolture de Joseph Yarmush au doigté, qui nous offrent plus un jam session qu’une pièce rafistolée à l’infini. Le second single, «2020», vient sauver les apparences avec une mélodie linéaire ponctuée par les notes discordantes des guitares et les murmures amplifiés du chanteur, ce qui a pour résultante de nous donner l’impression de réécouter la transcendante «Up Past the Nursery», version 2013.
Très tôt, on remarque que les succès ne pleuvent pas sur Images du futur, contrairement à Zeroes QC qui enchaînait les rythmes enlevants sur fond sonore expérimental. Ici, tout est joué avec subtilité, comme en font foi les morceaux «Edie’s Dream», lequel est mené de front par une bass line simple et quelques bruits sonores servant à ponctuer d’insolite notre écoute, ou encore «Images du futur», une pièce instrumentale un brin progressive qui instaure, en fin d’album, un climat décidément peu réconfortant.
«Bambi», «Holocene City» et «Sunspot» s’inscrivent comme étant les morceaux les plus pop de l’album et ils confirment, grâce à leur dynamisme et leur inventivité, que, malgré l’œuvre du temps, notre passion pour Suuns demeure, toujours fidèle au rendez-vous.
Suuns ouvre la cérémonie pour We Are Wolves le mardi 12 mars prochain au Studio-théâtre de la Salle André-Mathieu à compter de 20h. Les billets se vendent séparément au coût de 18,50 $ à l’avance et 21, 50 $ à la porte.
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de la rédaction