Musique
Crédit photo : MGM
Ce changement de cap marquait également le départ du multi-instrumentiste John Cale (principal artisan du son très «champ gauche» de White Heat / White Light) de la formation new-yorkaise. Plus de doute possible: Lou Reed avait pris le plein contrôle de la destinée du groupe.
Marginal jusqu’au bout
Les morceaux proposés sur The Velvet Underground planteront d’ailleurs les jalons de la carrière solo du musicien. La pièce d’ouverture, «Candy Says», aborde le thème de la transsexualité que Lou Reed reprendra plus tard, notamment sur ses albums solo Transformer et Berlin. Il s’agit là du dernier morceau qu’il jouera devant le public avant sa mort, en 2013.
La nouvelle identité plus accessible de The Velvet Underground ne s’est pas soldée par un succès commercial, comme aucun autre album du groupe, en fait. Malgré l’acclamation par la critique, la formation a toujours eu de faibles ventes.
Mais, au diable le succès! Le groupe n’aurait jamais été aussi influent s’il avait voulu remplir des stades.
Un amalgame de textures sonores
Et ce désir de n’en faire qu’à sa tête est plus présent que jamais sur son troisième album. La formation nous présente des pièces très mélodiques et dépouillées, parfois semblables à des berceuses, contrebalancées par des morceaux un peu plus rock et psychédéliques.
On en a un bon exemple lorsque la jolie mélodie de «Candy Says», chantée par le nouveau bassiste Doug Yule (remplaçant de John Cale), laisse place à la très rock «What Goes On». Cette irrésistible pièce nous balance un riff ultra accrocheur; et que dire de sa remarquable mélodie à l’orgue, signée Doug Yule (oui, encore lui)?
Il y a beaucoup de Lou Reed là-dedans…
Porté par ses sentiments pour Shelley Albin, une femme mariée qui fut son premier véritable amour, Lou Reed a composé la ballade «Pale Blue Eyes». Et on sent d’ailleurs à quel point le musicien américain a apposé sa griffe sur l’ensemble des compositions, tant dans ses thématiques que dans ses arrangements. Il n’y a qu’à écouter son travail après The Velvet Underground pour s’en apercevoir.
Mais ce troisième album contient néanmoins plusieurs relents du VU des débuts, surtout sur la face B. Pensons à la très bizarroïde «The Murder Mystery», qui comprend la voix des quatre membres du groupe. Les voix se superposent l’une à l’autre pour créer un effet sonore intéressant. Quant à «Beginning to See the Light», elle rappelle quelque peu le premier album du groupe, le légendaire The Velvet Underground and Nico.
À n’en point douter, The Velvet Underground était un album courageux qui n’a toujours pas pris l’ombre d’une ride. Et la réédition de l’album, parue en 2017, permettra assurément aux nouvelles générations de le (re)découvrir.