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Déjà avec Views/Octopus, son premier maxi paru en juin 2006, le bidouilleur inscrivait noir sur blanc ses influences électro, surtout hip-hop, sur un ensemble baroque où une pléthore de couches superposées se volaient la vedette jusqu’à une chute dramatique offerte en puissance dix. Avec Drift, Nosaj Thing a démontré une sage maturité en raffinant ses couches synthétiques afin d’offrir un tableau vivant construit sur une perspective réfléchie et moins tape-à-l’œil. Les morceaux «Fog», «Coat of Arms», «Light #1» et « Light #2», entre autres, incitaient au voyage spatial, nous laissant bouche bée devant autant de savoir-faire et d’inventivité. Avec Home, Jason Chung poursuit une lancée certes intéressante, mais qui n’accote en rien le génie du précédent opus.
La pièce «Home» est une référence directe à Drift par l’insertion d’un tempo électroniquement ralenti ainsi qu’une sonorité fantomatique et linéaire jouée en boucle. Comme amuse-gueule, il n’y a pas meilleure entrée en matière. Puis c’est «Eclipse Blue (featuring Kazu Makino)», le single sorti en octobre 2012, qui met de l’avant une voix féminine dans les mélodies du DJ. Murmurée, presque susurrée, la voix claire de Makino accompagne comme un charme les platines de Chung. L’ambiance est très vaporeuse et nous donne l’impression de marcher, à tâtons, dans un sentier baigné de brume, image acoustique s’accentuant à l’écoute de «Safe», où tout est interprété doucement, avec retenue.
Les mélodies de Nosaj Thing s’apparentent parfois à celles, plus bruyantes, de Tomas Barfod, mais s’il y a bien un point où le Californien excelle dans la mêlée, c’est au niveau de la facture: l’ensemble est aussi soigné qu’un paysage de Corot. «Try featuring Toro Y Moi)», deuxième extrait de l’album, est certes un morceau incontournable, tant par son tempo modéré que par la voix vaporeuse de Chazwick Bundick. L’opus se clôture, en somme, sur «Light #3», probablement la pièce la plus aboutie, qui scelle la trilogie débutée sur Drift dans un tourbillon de couches synthétiques d’une grande beauté.
S’il y a bien quelques défauts à Home, c’est d’être trop court (37 minutes) et de n’être pas à la hauteur de son prédécesseur, qui demeure imbattable sur toute la ligne.
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de la rédaction