«Heartthrob» de Tegan and Sara – Bible urbaine

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«Heartthrob» de Tegan and Sara

«Heartthrob» de Tegan and Sara

Une évolution pop plutôt décevante

Publié le 29 janvier 2013 par Émilie Langlois-Pratte

Crédit photo : Warner Music

Tegan and Sara sont en constante évolution musicale depuis leurs débuts. De la folk joviale (The Business of Art (2000) et If it Was You (2002)) au rock indé assumé (So Jealous, 2004), les jumelles canadiennes ont également habitué leurs fans à une sonorité davantage électro-pop avec les offrandes The Con (2007) et Sainthood (2009). C'est à un tout autre virage que nous avons droit avec Heartthrob puisqu'elles ont mis de côté leur originalité pour offrir, à notre grande surprise, de la pop purement bonbon.

Et ce tout nouveau côté beaucoup trop sucré ne saura peut-être pas satisfaire leurs fervents fans des premiers jours. Elles sont presque méconnaissables, si l’on oublie leurs collaborations avec DJ Tiësto pour le titre «I feel it in My Bones» ainsi qu’avec Morgan Page pour «Body work» et «Video». Nous sommes à des années-lumière de leurs compositions complexes et élaborées. On dirait que, cette fois, elles ont opté pour la facilité et l’accessibilité.

Les sœurs Quin ont délaissé complètement leurs guitares acoustiques et électriques, instruments fétiches omniprésents dans leur répertoire musical, pour puiser leur inspiration dans une banque de sons uniquement électroniques composés de synthétiseurs et d’ordinateurs. Même leur façon mélodieuse bien à elles d’interpréter et de jouer avec les sonorités de leurs textes ne semblent plus coller à leurs voix. Un de leurs points forts a disparu; leurs paroles profondes et inspirantes ont été troqués par des clichés vides de sens. On retrouvait autrefois plusieurs sujets différents, alors que dans leur prochaine galette, on n’y retrouve qu’une thématique: l’évolution d’un amour qui vire en échec et devient impossible, causant une déchirure profonde.

Ceci étant dit, pour les nouveaux adeptes ou pour les gens qui n’arrivaient pas à apprécier les subtilités de la formation, la découverte peut être intéressante parce que beaucoup plus accessible, avec une jolie sonorité 80’s pouvant faire penser à la chanson thème du film Drive de James Sallis, à savoir «Nightcall» de Kavinsky. Les rythmiques entraînantes qui bordent les dix pièces de l’album sont, somme toute, plutôt réussies, et les arrangements, bien travaillés pour former une belle harmonie sans toutefois se démarquer.

L’originalité est en fait loin d’être à son comble; on peut entendre ce genre de mélodies à toutes les heures de la journée à la radio. Mais c’est un format qui fonctionne, une formule gagnante. Leur présent extrait, «Closer», ainsi que «I’m Not Your Hero», «I Couldn’t Be Your Friend» et la dramatique montée de «Now I’m All Messed Up» (qui aurait été mieux interprétée par une voix avec du coffre), sont des morceaux qui pourraient facilement se retrouver sur la trame sonore d’émissions comme 90210 ou Gossip Girl. Tous les titres proposés dans Heartthrob sont très catchy, comme certains ont déjà pu l’entendre sur le site web de CBC Radio 3, puisque l’album est disponible en streaming depuis le 24 janvier dernier. Il y a néanmoins de fortes chances qu’à l’écoute l’envie de danser vous prenne rapidement.

Heartthrob n’est pas un mauvais album en soi. Certes, il ne passera pas à l’Histoire, mais la qualité sonore y est par contre. Ce style particulier ne colle pas parfaitement à la peau des deux complices aux personnalités habituellement hautes en couleur, qui livrent ici quelque chose de neutre, stérilisé, léché pour combler un moule surutilisé. Le défi ne semble pas relevé avec brio au grand malheur des gens qui attendaient depuis maintenant quatre ans un retour explosif avec un nouvel album à leur saveur.

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