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Depuis la sortie de son premier album Leaving Home, l’auteur-compositeur-interprète montréalais Colin Moore a su très rapidement gagner le cœur des amateurs de folk. Pas étonnant qu’il ait été nominé pour le prestigieux Grand prix de la relève musicale Archambault et qu’il ait reçu un prix GAMIQ; sa musique est revigorante et rafraîchissante, ses textes sont enivrants, il maîtrise parfaitement une voix roque et sexy, en plus d’avoir beaucoup de charme. Que demander de plus? En octobre dernier, Moore était mûr à l’idée de nous présenter douze nouvelles compositions empreintes d’émotions avec sa seconde offrande: Heart of the Storm.
L’œuvre porte bien son nom puisque l’ensemble offre effectivement une tempête d’émois chantés par une voix forte faisant étrangement penser à celle de Jack Black, mélangée à un soupçon de Bruce Springsteen. Rassurez-vous, les textes sont toutefois beaucoup plus profonds; parlant d’amour déchirant, de nostalgie, de départ et de route, Moore est beaucoup plus sombre que sur sa première galette, et le tout est livré dans une ambiance généreusement plus rock sans jamais s’éloigner de ses racines: le folk. Néanmoins, il nous réserve aussi des ballades plus douces et acoustiques qui viennent nous atteindre droit au cœur.
D’emblée, avec « Long Road»,nous avons envie de faire un roadtrip entre amis à la simple conquête du bonheur. De tous les titres proposés, celui-ci se démarque par sa forte prédominance pop américanisée et sa dynamique complètement joviale. Vraiment tout le contraire de Heart of the Storm, Bible, ainsi que The Traveler, où l’on découvre un Colin Moore en urgence de vivre, avec une force de caractère qu’on lui connaissait moins. C’est le genre de chansons qu’on choisit de mettre dans sa playlist lorsque nous sommes dans un état colérique et qui défoule, qui fait «sortir le méchant».
Moore revient ensuite à la source avec une mélodie touchante, «Brother», une chanson guitare-voix avec une transparence déstabilisante qui dénonce des faiblesses de famille comme nous en vivons tous les jours dans toutes bonnes familles. S’il touchait déjà profondément les gens avec sa plume animée d’une sensibilité sans nom, on peut dire qu’il s’est surpassé cette fois-ci avec une ode à l’amour inconditionnel entre deux frères.
Au niveau musical, il n’y a malheureusement pas beaucoup de recherche, pas de complexité musicale; le band ne réinvente rien. Les riffs de guitares et les twists de batteries sont prévisibles, presque prémâchés. Mais Colin offre une prestance forte et constante lors de l’interprétation de ses compositions. On peut presque sentir l’émotion qui l’habite lors de l’enregistrement de son opus, ce qui rajuste le tir et nous amène un bel équilibre rempli d’authenticité.
Somme toute, Heart of the Storm est sans contredit un album réussi. On en découvre beaucoup plus sur l’homme derrière l’artiste. Il lègue ainsi une partie de lui dans chacune de ses chansons, tel un journal intime, une blessure ouverte, et cela rend le tout très intéressant et si humain, de là toute la force de l’artiste.
Colin Moore sera en tournée à travers le Canada dès l’hiver prochain et vous pouvez voir ses prochaines dates sur le site officiel de l’étiquette de disques Indica Records.
Appréciation: ***1/2
Crédit photo: Indica Records
Écrit par: Émilie Langlois-Pratte