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The Gaslight Anthem n’a pratiquement plus besoin de présentations. Le groupe du New Jersey a d’abord charmé la communauté punk rock avec Sink or Swim (2007), qui a tracé un passage pour le deuxième opus The 59’ Sound (2008), qui a été très bien accueilli. Deux ans après avoir lancé American Slang (2010), les gars ont sorti leur toute dernière offrande, Handwritten, le 24 juillet dernier. Le groupe étant connu pour plonger parfois dans la facilité est maintenant rendu au quatrième album; une question s’impose, donc: vont-ils livrer une fois de plus leur bonne vieille formule et, si oui, va-t-on s’en lasser?
La réponse: oui. L’ambition n’a pas été poussée plus loin depuis leurs précédents projets et si l’auditeur suit la formation depuis ses débuts, il aura certainement l’impression de se faire servir les mêmes chansons encore et encore, avec des arrangements différents, des rythmes redondants et des sujets surutilisés. L’innovation est quasi inexistante et lorsqu’on se livre à une première écoute il est possible de vivre une petite déception parce qu’on s’attend à une évolution au niveau des compositions. Cependant, on ne peut les bouder très longtemps parce que malgré tout, cela ne fait pas de leur quatrième galette une œuvre inintéressante et moins réussie pour autant; les morceaux sont racoleurs et sans prétention, et l’orchestre s’assume pleinement.
Bien que Brian Fallon nous offre une voix rauque et virile à faire fondre le cœur de toute femme, et qu’il fait pleuvoir des riffs rock et solides sur chacune des compositions, on se rend bien vite compte qu’au fond il a lui aussi le cœur sensible. En jetant une oreille attentive aux paroles, il est vite évident que l’opus se lit comme une lettre ouverte teintée d’amertume, de tristesse, de regrets et de nostalgie. Le titre de l’opus, Handwritten prend tout sens ici. Fallon chante avec son cœur ; ça se sent et ça s’entend.
Maîtrisant le rock jusqu’au bout des doigts, le groupe ouvre le bal avec «45», qui propulse l’auditeur au cœur d’un son glorieux, festif et endiablé. Les New-Yorkais disent s’inspirer de Springsteen et, bien honnêtement, ça saute aux yeux (ou plutôt aux oreilles). D’autre part, écouter la chanson titre «Handwritten» donne un peu l’impression de mettre ses vieilles pantoufles confortables pour un fan inconditionnel du groupe étant donné que c’est exactement la vraie nature de The Gaslight Anthem; du bon rock bien ficelé et emblématique.
On sent une «tentative de ballade» lorsque vient le tour d’entendre le morceau «Too Much Blood», qui est franchement bien réussi. Il est difficile de ne pas imaginer des mains dans les airs et des flammes de briquets lorsqu’elle sera transposée sur scène. Le même phénomène se fait sentir lors de «Mae», qui fait drôlement référence au titre «Miles Davis & the Cool», proposé sur The 59’ Sound. Mêmes arpèges, une cadence presque identique; seuls les paroles et le solo de guitare semblent avoir changé.
Somme toute, bien que leur formule gagnante semble être surexploitée, l’ensemble s’avère réussi. Il n’y a pas d’artifices et les quatorze chansons demeurent en tête toute la journée. On y retrouve la même vivacité et le même dynamisme qu’alors. Transmettre le même niveau de passion après un quatrième album et plusieurs tournées n’est pas donné à tous les artistes et on peut ainsi affirmer en toute quiétude que c’est le cas pour ce quatuor new-yorkais.
Les musiciens de The Gaslight Anthem partageront la scène du Centre Bell le 12 septembre prochain avec la formation punk Hot Water Music ainsi que les légendaires membres du groupe Rise Against. Pour plus d’information, visitez le site d’evenko à l’adresse suivante: http://www.evenko.ca/fr/show/evenement/rise-against-6292.
Appréciation: ***1/2
Crédit photo: www.gaslightanthem.org
Écrit par: Émilie Langlois-Pratte