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Crédit photo : Glassnote
En troquant l’hyperactivité pour le rythme, le groupe GIVERS embrasse avec grâce un virage électro surprenant qui lui donne un son léché et une élégance qu’on lui soupçonnait déjà. Plus concis et moins brouillon, prônant toujours une approche éclectique, ce plus récent opus nous offre des explorations qui semblent exactement aller là où nos oreilles ont envie de se retrouver.
Si leur premier disque In Light ouvrait la voie à un groupe ne manquant pas d’idées, New Kingdom pourrait difficilement mieux décrire leur nouvelle approche, comme les territoires explorés ont cette vitalité qui rime bien avec nouveauté. Bien sûr, la voix de Taylor Guarisco a encore ce petit je-ne-sais-quoi à la Win Butler, alors que «Remember» donne certainement l’impression de s’être échappé d’un album d’Arcade Fire. Pourtant, tout au long des treize pièces de l’album, on y exhibe une assurance qui fait toute la différence.
Le groupe aime bien prendre son temps et n’a certainement pas envie de précipiter les choses. Avec un album qui tire vers l’heure complète et se nourrit d’une courte introduction pour mettre l’eau à la bouche avant de charmer rapidement avec la caméléonesque «Bermuda», pièce qui évolue judicieusement dans les méandres de leurs nombreuses possibilités, on n’invite plus à se déhancher comme on le faisait constamment sur le premier disque. Au contraire, on préfère soigner chaque morceau, chaque refrain et chaque mélodie, plaçant l’auditeur avec comme seule possibilité de les suivre, se surprenant à bouger et taper des mains à chaque nouveau refrain, et ce, sans jamais y avoir été forcé.
«I’ll get you on the way and my hope, it ain’t hopin, it’s a sure thang», chantent-ils sur l’irrésistible «Sure Thang», et ils ont bien raison. L’évidence de leurs mélodies diablement accrocheuses se montre encore plus accomplie au centre du disque composé du tandem «Blinking» et «Record High, Record Low», deux pièces pop complètement irrésistibles qui sauront dessiner le plus grand des sourires à quiconque s’y abandonnera. La première se construit comme d’une pente ascendante vers le bonheur, et l’autre comme une pente descendante vers une certaine mélancolie, de celle qui fait revivre les meilleurs souvenirs.
Du coup, c’est ce sentiment indéniable de liberté qui envahit tout l’album. Celle d’un groupe qui fait exactement ce qu’il a envie de faire, et comme il veut bien le faire. Offrant des sonorités provenant autant des années 1970 à 2000, agissant autant pour l’honneur du rock, du R&B que du disco, ces quelques genres desquels ils osent bien s’inspirer.
Ainsi, avec des paroles judicieusement romantiques, des constructions inventives et un usage fort intéressant des guitares, des claviers et des percussions, GIVERS propose un deuxième disque qui séduit et qui marque grâce à une expertise qui s’est déjà imposée au sein du groupe en moins de deux albums. En offrant assez de matériel pour nous envahir les oreilles d’un univers musicalement riche et travaillé, le groupe satisfait pleinement et nous laisse, en plus, avec la très épurée «Lightning», une douce ballade atypique particulièrement délicate et touchante, envahie de cordes qui y imposent une grâce qui sait nous laisser avec beauté.
New Kingdom sera donc, on l’espère, un tournant gagnant dans la carrière pleine d’espoir d’un groupe qui a tout le talent nécessaire pour se propulser au sommet.
L'avis
de la rédaction