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Crédit photo : Nonesuch
Ghost on Ghost arrive exactement dans la bonne période de l’année: alors que la neige fond, que le soleil brille à nouveau, et que les soirées commencent à se prolonger. Il s’agit du genre d’album qui peut plaire à un public plus large: on y retrouve des chansons un peu plus jazzées qui donnent un effet plus accessible et vivant. Point de vue ambiance, on est très loin du folk romantique désespéré de sa reprise de la chanson «Such Great Heights» du groupe The Postal Service. Chez le disquaire, on pourrait facilement retrouver l’album dans la même section que Steely Dan. Le tout aurait pu être enregistré en 1973.
Et il ne faut penser que c’est nécessairement une mauvaise chose. Sam Beam vieillit et est vraisemblablement plus heureux. Cela se transpose dans sa musique. Il y a sur cet album des moments où on a le goût de rouler en décapotable le vent dans les cheveux (notamment sur les exquises «The Desert Babbler» et «New Mexico’s No Breeze»), ou bien d’entrer dans un bar jazz pour y entendre un crooner chanter avec une cigarette à la main et un verre dans l’autre («Joy» et «Grass Widows»). Ghost on Ghost peut être dégusté en plein soleil comme à la noirceur, pourvu que ce que l’on désire soit de la chaleur.
Ailleurs, «Grace for Saints and Ramblers» fait vraiment trop penser à Belle and Sebastian sur «If You’re Feeling Sinister», mais sans l’effet naïf et nostalgique du groupe écossais. «Singers and the Endless Song» est plus up-tempo, avec son rythme très jazz et ses cuivres qui s’incrustent ici et là à travers la chanson. À noter qu’on y retrouve beaucoup de voix féminines qui font les chœurs, donnant un côté encore plus lounge à la pièce, qui est probablement la plus représentative de la nouvelle approche d’Iron and Wine.
Mais Sam Beam ne s’est pas complètement départi de son côté mélancolique. «Winter Prayers» est une ballade avec guitare acoustique et piano qui s’avère être une des chansons les plus solides de l’album. La dernière pièce, «Baby Center Stage», aurait pu être écrite par Paul McCartney à l’époque de Let It Be. Quand l’album se termine, on est un peu possédé par des sentiments contradictoires: on sait qu’on a passé un bon moment, mais on a aussi le goût d’écouter des vieux albums de Simon & Garfunkel.
Alors à la prochaine personne qui se plaint en vous disant qu’il ne se fait plus de musique «comme dans le bon vieux temps», recommandez lui le dernier album d’Iron and Wine. Il devrait arrêter de se plaindre et de vous casser les oreilles en un rien de temps.
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de la rédaction