«Foule monstre» d’Eiffel

En entendant les premières notes (ou plutôt les premiers beats de la boîte à rythme) on se demande si on ne s’est pas trompé de disque. Mais non, c’est bien «Place de mon coeur», première chanson de Foule Monstre, que l’on est en train d’écouter. Cette intro sonne très années 80 avec des parties électroniques un peu kitsch. On finit par s’habituer et ce premier single pêchu fait même son effet. On se demande quand même si le succès de leur dernier opus, À tout moment, ne les a pas menés à fournir des chansons plus commerciales.

Aïe! On a encore cette boîte à rythme bizarre accompagnée de scratchs sur «Le même train». Mais où est donc passé le batteur d’Eiffel? Idem sur «Chaos of Myself». Mais Romain, c’est quoi cet accent anglais? On a du mal à comprendre comment Eiffel a pu composer cette chanson complètement formatée. Les vocalises de Phoebe Killdeer nous font de plus fortement penser à la musique de Prison Break: «J’ai pas le teeeeeeeeemps» (NDLR: En France, le générique est différent de l’original et a été composé par le rappeur Faf Larage).

Ouf, moment de répit avec «Foule monstre», c’est original. On retrouve ici le Romain Humeau de l’Eternité de l’instant et on se rappelle pourquoi on a aimé Eiffel. «Libre» est une bonne chanson rock, avec une touche de hip-hop et cette fois ça fonctionne. On passe ensuite au punk avec «Frères ennemis». Mais, au bout du compte, tous ces changements de style donnent un peu le tournis.

Avec tout ça on passerait presque à côté des deux petits bijoux, «Milliardaire» et «Chamade». «Lust of Power», entre ces deux dernières, part un peu trop dans tout les sens. On passe du rap au jazz, de Shaka Ponk aux Jackson 5. Il y aussi Bertrand Cantat perdu dans ce tourbillon. «Puerta del Angel» est une jolie ballade qui pourrait clôturer cet album de bien belle manière sans cet accent espagnol à couper au couteau. Lo siento Romain.