«Fade» de Yo La Tengo – Bible urbaine

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«Fade» de Yo La Tengo

«Fade» de Yo La Tengo

Encore du travail bien fait

Publié le 28 janvier 2013 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : www.yolatengo.com

Enregistrant des albums depuis plus de vingt-cinq ans, Yo La Tengo nous revient en ce début d’année avec son treizième album, Fade. Aussi régulier qu’une horloge, le groupe du New Jersey parvient encore à réaliser un travail solide et agréable. Comme quoi la roue continue de tourner pour ces vétérans du monde rock indépendant.

L’aspect le plus intéressant qui frappe sur l’album est le changement dans la réalisation, le groupe ayant décidé de remplacer leur éternel réalisateur Roger Moutenot par John McEntire, ex-membre de Tortoise et The Sea and Cake. Le résultat? Rien de trop dramatique comme changement, mais assurément une touche d’orchestration beaucoup plus prononcée qu’auparavant. Musicalement, il est possible de dresser plusieurs parallèles avec l’album remarquable Forever Changes de Love, groupe folk-psychédélique de Los Angeles des années 1960.

Comme avec chaque œuvre de Yo La Tengo, Fade est à apprivoiser longuement avant d’être apprécié. Il existe peu de groupes dans les vingt dernières années qui ont su maîtriser l’art de la subtilité dans les compositions comme le groupe sait le faire. Ici, l’ambiance est assez calme, un peu trop parfois, mais le trio réussit toujours à nous séduire par la qualité de ses chansons. On y retrouve quelques pièces un peu plus rock, comme «Ohm», avec son côté psychédélique, ou bien «Paddle Forward», qui nous ramène au son qu’avait le groupe dans les années 1990, notamment sur l’excellent album I Can Hear the Heart Beating As One.

Les meilleurs moments du disque arrivent lorsque McEntire pousse la réalisation un peu plus loin. «Cornelia and Jane», chantée par Georgia Hubley, est une pièce délicieuse avec des cuivres qui s’harmonisent à merveille avec la voix de cette dernière. «Two Trains», où Ira Kaplan nous murmure tranquillement à l’oreille, nous rappelant les plus doux moments de Sparklehorse. Finalement, c’est sans doute avec «Before We Run», dernière pièce de l’album, où le groupe réussit son plus grand coup d’éclat, avec John McEntire visiblement très à l’aise aux commandes de la réalisation.

Bien entendu, Fade n’est pas le meilleur album de Yo La Tengo. Le groupe a déjà été plus innovateur, éclectique et énergique. Par contre, il est évident que, même après treize albums, la bande de Kaplan sait toujours comment séduire par le côté intime de ses compositions. Bien qu’il n’y ait pas de chanson aussi géniale que «Autumn Sweater», l’album se laisse déguster peu à peu et on y passe un moment savoureux. Par un hiver aussi glacial, quoi de mieux que Yo La Tengo pour venir nous réchauffer les cœurs?

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