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Crédit photo : Spectra Musique
Le chanteur a raffiné son style et il est encore une fois accompagné de ses acolytes qui, en concert, brillent par la chimie qui les unit tous ensemble. On peut entendre André Papanicolaou et Olivier Langevin à la guitare, Michel-Olivier Gasse à la basse et Simon Blouin à la batterie. Réalisé par Olivier Langevin avec l’aide de Pierre Girard et de Vincent Vallières, l’album a été enregistré à Montréal au studio de Pierre Marchand et au studio Planet. Grâce à sa plume, le poète propose des textes sur l’amour et sur des situations du quotidien racontées à l’aide d’un son folk avec des accents pop-rock et country où nombreux sauront se reconnaître, ou seront touchés par les écrits de l’Estrien.
L’album débute en force avec «En regardant finir le monde», une pièce qui met extrêmement bien la table: du Vallières comme on l’aime et comme on espérait l’entendre. Un morceau tout en douceur qui précède «Stone», le premier extrait du disque, qui roule déjà sur les ondes et qui met en valeur les talents pop de l’auteur-compositeur-interprète. Un titre qui invite à vivre le moment présent sans trop se soucier du lendemain. «Avec toi» met de l’avant une rythmique un peu plus rapide que les pièces précédentes; c’est une belle déclaration d’amour dans un monde compliqué, d’où les paroles: «J’veux passer l’reste de mes jours avec toi», qui sont au cœur du morceau.
Sur Fabriquer l’aube, Vallières satisfait ceux et celles qui l’ont connu grâce à son plus gros succès en carrière, «On va s’aimer encore», avec laquelle il s’est mérité le Félix pour la chanson de l’année en 2011. Ses admirateurs seront effectivement ravis d’apprendre que l’artiste charme encore tout autant avec «L’amour c’est pas pour les peureux», pièce touchante mettant encore une fois l’amour au centre de ses écrits, comme le démontre ces belles paroles: «Accroche-toi, mon cœur, j’te jure, on peut tenir le coup / Dehors la beauté se meurt, nos jours sont futiles / On marche sur les fleurs en se targuant d’être libre, t’es l’dernier rempart mon cœur, t’es l’espoir ou l’exil».
Le récipiendaire du Félix pour interprète masculin de l’année en 2012 propose «Mélie» et «Lili», deux pièces qui sortent du lot. Vallières séduit avec son instrument, certes, mais également avec la facilité qu’il a à jouer avec les mots. C’est effectivement le cas avec le morceau «Mélie», qui met en vedette un refrain des plus accrocheurs où les chicanes de couple insipides et inutiles sont mises au premier plan. Dans «Lili», on raconte la vie et les insécurités, une douce pièce qui marque un moment fort de l’opus du chanteur rassembleur.
Les excellentes pièces «Fermont» et «Asbestos», que plusieurs ont eu le bonheur d’entendre lors des précédents concerts de Vallières, figurent parmi les titres au sein desquels le chanteur s’accompagne simplement de sa guitare acoustique. Les paroles sincères du morceau «Asbestos», mélangées à la guitare sèche du chanteur, entraînent l’imaginaire des auditeurs vers le courage et la misère des travailleurs miniers. Une chanson qui ramène les spectateurs des dizaines d’années en arrière, en plus de les laisser sans mots devant tant d’infortune émanant de la dure réalité de plusieurs Québécois provenant des régions, dont celle du grand-père du Sherbrookois, à qui il rend hommage.
Il est impossible de passer sous le silence l’étroite relation qui existe entre «Asbestos» et «Fermont», puisque cette dernière découle de la première. C’est suite à un concert donné dans la ville au nord du Québec, où il a joué la pièce mettant en vedette ses racines familiales, que le père de famille de 35 ans s’est lancé dans la rédaction de «Fermont», qui raconte les difficultés des travailleurs qui l’habitent. L’ancien étudiant en lettres utilise la figure de style riche de sens: «Icitte moi j’étouffe au grand air» afin de décrire leur situation; une phrase percutante d’un titre tout aussi poignant et qui témoigne un grand respect pour les travailleurs isolés.
Pour sa part, «Loin» donne l’envie de partir n’importe où, «Je bûche», le désir de voyager à cause du travail qui accapare une grande partie de la vie, alors que «Pas à vendre» donne le goût de sortir et de rentrer tard, le tout chanté sur une trame un peu plus rock que l’ensemble de l’opus. On termine le disque tout en beauté avec la pièce «La chanson de la dernière chance», qui conclut de belle façon les trente-huit minutes de ce sixième opus.
Quoiqu’un peu prévisible, Fabriquer l’aube présente des arrangements impeccables et une réalisation sans faille. Un album qui arrache quelques larmes au passage grâce à l’écriture précise et bien pensée de l’auteur engagé.
Vincent Vallières donnera un spectacle gratuit ce soir à Montréal à la salle La Tulipe pour la sortie officielle de son nouvel opus. Il sera également possible de le voir un peu partout sur les routes du Québec en 2013 et en 2014. Les dates et les villes visitées sont disponibles sur son site officiel au: http://www.vincentvallieres.com/spectacles.
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de la rédaction