Entrevue avec Rednext Level pour leur album «Argent légal» – Bible urbaine

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Entrevue avec Rednext Level pour leur album «Argent légal»

Entrevue avec Rednext Level pour leur album «Argent légal»

Frapper dans le mille

Publié le 23 avril 2016 par Elise Lagacé

Crédit photo : Gracieuseté Rednext Level

Leur nouvel album n’est paru que depuis quelques jours et, déjà, la nouvelle se répand: le trio a visé juste. Les étiquettes musicales que l’on accole au projet sont nombreuses, rap-funk-house-dance-électro-tropical, mais en substance une seule écoute d’Argent légal nous permet de constater qu’on se trouve en présence d’une véritable bombe musicale. On y retrouve le fruit d’une osmose parfaite entre trois gars dont l’humilité n’enlève rien à leur génie. Nous nous sommes entretenus avec Maybe Watson, aussi authentique qu’enthousiaste, un vrai tripeux, qui nous a confirmé ce dont on se doutait déjà: il s’agit d’un artiste qui laissera sa marque. Quant à l'écoute du premier album de Rednext Level, on en ressort épaté, avec une furieuse envie de groover, et la vague impression d'assister à quelque chose de gros... comme une pluie d'étoiles filantes ou l'extinction des dinosaures. Place au rap nouveau!

D’entrée de jeu, on interroge Maybe sur les premiers échos d’Argent légal. Il concède spontanément: «J’ai envie de dire que je suis soulagé. Malgré tout, on n’a jamais vraiment de certitude absolue par rapport à ce qu’on fait, mais là l’accueil pour l’album est vraiment bon.» Lorsqu’on lui partage notre surprise sur son style, plus éclectique que rap, il explique: «De s’éloigner du rap n’était pas du tout prévu. Tork et moi, on est des amis de longue date, et ça fait déjà plusieurs années qu’on fait de la musique ensemble, mais on n’avait jamais vraiment fait un album ensemble, seulement une chanson un peu house, un genre pour lequel on a une certaine prédilection. C’est Tork qui m’a fait découvrir plein de trucs en préparation de l’album et on dirait qu’il est imprégné de ces découvertes-là.»

L’apport d’Ogden, compatriote d’Alaclair Ensemble, ne s’est pas fait attendre, «Quand Ogden s’est joint au projet, ça s’est fait tellement naturellement, état donné qu’on travaille déjà ensemble dans Alaclair. Ça flow super naturellement quand on travaille sur les paroles et les univers des chansons. Ça fait, qu’au final, ça s’est fait avec tellement de cohésion et de plaisir. C’est pas stressant un contexte comme ça, et je pense que ça paraît dans notre musique». Watson a bien raison; le plaisir est palpable, autant sur le décalé et très électro «Danse avec Ogden», que sur «Sri Lanka», qui mêle un univers multiculturel très contemporain à des sonorités totalement 90’s.

Argent légal se propose vraiment comme un beau party du début à la fin, en parfait accord avec l’objectif visé par le trio. Watson raconte: «En marge d’Alaclair, Ogden et moi on a voulu se créer une bulle musicale. Notre manière de créer nous amène à faire une bulle en partant dans un chalet faire juste de la musique pendant une semaine. L’objectif de départ n’était que ça. Faire de la musique et triper.»

La musique fait partie de la vie de Watson depuis presque toujours. C’est à 7 ans que le père du jeune homme lui met une guitare entre les mains, mais en lui imposant le style classique. «Moi je voulais être un rockeur, mais mon père ne le voyait pas de la même manière.» Watson révèle très tôt des dispositions pour la scène. En riant, il nous raconte un souvenir musical marquant. La scène se déroule lors d’un concert donné dans un sous-sol d’église de ville Saint-Laurent: «Je devais avoir 8 ou 9 ans et je jouais en duo avec mon père. C’était un concert de guitare classique qui était d’ailleurs animé par Francis Reddy. À un moment, mon père s’arrête de jouer parce qu’il avait perdu le fil et moi j’ai continué à jouer pendant qu’il cherchait la mesure. Pendant ce temps, les spectateurs et Francis Reddy ont salué mon solo. À la fin de la représentation, j’ai même eu un autographe que Reddy a signé «Pete»! Ce souvenir me revient souvent.» Une anecdote sans prétention, sous le signe de cet humour qui a dominé l’entretien.

Authentique, Watson reconnaît qu’il a certaines ambitions pour l’album et, comme lui, on espère  l’entendre tourner sur les radios pendant quelques mois. À plus forte raison, que les radios commerciales passeront outre l’étiquette trop dédaignée de «rap/hip-hop québécois», un genre que l’on entend malheureusement très peu dans ces stations. Par son caractère hybride, Argent Légal nous offre un pont qui permettra aux néophytes d’aller vers ce secteur musical québécois en pleine explosion et où évoluent un grand nombre d’artistes remarquables. On pense justement à Alaclair Ensemble, mais aussi à Loud Lary Ajust et la très chill «Héros», ou bien Koriass et Samian très accessibles dans leur ensemble.

Argent légal s’offre donc comme un album marqué par la cohérence, la liberté et le plaisir, totalement investi de l’esprit complice de ses créateurs. On y dénombre autant de tracks que de découvertes, une riche palette de rythmes et de mélodies hétéroclites mais toujours reliées à la base. On passe de la planante collaboration tropicale de Karim Ouellet, «Partir», pour aller vers le funky «Faible pour toi» où se glisse un très smooth Claude Bégin et aussi pour rebondir sur des pistes d’un rap plus lourd comme «Clip avec Baz», très électro, mais néanmoins gangsta. C’est au fil des écoutes que l’on prend pleinement conscience du tour de force que représente la très grande consistance de cet album hétérogène. Il y a fort à parier qu’on ne le laissera de côté que pour écouter leur prochain.

Un entretien que Maybe Watson a conclu dans ces mots, à propos du spectacle de lancement du 26 avril prochain, et qui, il l’espère, débouchera sur une tournée: «Tenez-vous prêt, ça ne fait que commencer c’t’affaire-là; on va jamais arrêter! Bienvenue à tous. C’est des célébrations pour nos enfants qui sont à l’intérieur, les shows. C’est festif, c’est le fun! C’est un vrai, pas juste un show de lancement avec quelques tounes. Le monde va en avoir pour son 10 piasses!»

Le lancement de l’album «Argent légal» de Rednext Level se tiendra à La Vitrola (4602, boul. Saint-Laurent) le 26 avril 2016 à 20h00.

L'événement en photos

Par Gracieuseté Rednext Level

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