Entrevue avec Viviane Audet pour la sortie de son album «Le couloir des ouragans» – Bible urbaine

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Entrevue avec Viviane Audet pour la sortie de son album «Le couloir des ouragans»

Entrevue avec Viviane Audet pour la sortie de son album «Le couloir des ouragans»

Plus qu’une interprète

Publié le 10 février 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Marjorie Guindon

On l’a vue dans des émissions comme L’Héritière de Grande Ourse, Belle-Baie et même au cinéma dans Le Déserteur. Elle a joué aux côtés de Pascale Bussières et Émile Proulx-Cloutier, mais son dernier projet, c’est avec Philippe Brault que Viviane Audet a décidé de le réaliser. Plutôt que d’entrer dans les salons des gens grâce à la télévision, elle désire de nouveau entrer dans leurs tympans avec Le couloir des ouragans, un second opus lancé huit ans après son premier effort. 

«Je pense que c’est peut-être l’occasion pour moi de me positionner un peu plus comme musicienne, puis que les gens ne me voient pas juste comme une interprète ou une fille qui chante», a-t-elle lancé d’emblée, avouant que Le Long Jeu était un album plus naïf dans lequel elle n’avait pu bien montrer son savoir-faire, musicalement parlant. Aujourd’hui, «je ne pourrais pas avoir pris plus en main Le couloir des ouragans que ce qu’on a fait», a dit fièrement celle qui joue tout ce qui est claviers, piano, Wurlitzer sur son second opus, en plus du banjolélé, de l’orgue («Mais juste les pédales, avec mes mains») et de l’auto-harpe.

Il faut dire que le rayonnement du film Camion de Rafaël Ouellet, pour lequel elle a composé la musique et gagné un prix Jutra en 2013 avec Robin-Joël Cool et Érik West-Millette, avait déjà commencé à établir le statut de musicienne de Viviane Audet, même si elle a 13 ans de cours de piano classique derrière la cravate et un premier album lancé en 2006. À tout le moins, c’est peut-être ce qui a permis aux gens d’assimiler que la comédienne joue autant de la musique qu’elle interprète des rôles: «Ce que j’aime de la musique, c’est que j’ai vraiment en main mon projet, je suis vraiment en avant, et j’organise. Mais ce que j’aime aussi du jeu, des plateaux, c’est que tout à coup, tu te laisses plus porter par un flow,  t’es dans une gang, alors j’ai comme besoin des deux, je pense».

Elle a donc toujours mené les deux carrières de front depuis qu’en deuxième année du primaire, son père est arrivé à la maison en lui annonçant que, sans la consulter, il l’avait inscrite à des cours de piano. La même année, elle a commencé des cours de théâtre en parascolaire. «Il y avait des mamans vraiment crinquées en Gaspésie qui ont parti des cours de théâtre en parascolaire. J’étais tellement énervée de les suivre que je m’étais mise à parler dans la classe. C’est la seule fois de ma vie qu’ils m’ont mis dehors». Ces cours de théâtre parascolaires dureront jusqu’à la cinquième secondaire et, à Montréal dès ses dix-huit ans, elle étudiera en théâtre-musical, confirmant ses deux passions, à la fois indissociables et aussi indispensables l’une que l’autre.

S’enchaîneront ensuite les concours. Dès 2000, Viviane Audet se rendra en finale nationale de Cégep en spectacle aux côtés de l’altiste Frédéric Lambert et d’Amélie Veille, qui gagneront respectivement la finale et le prix de la meilleure composition pendant qu’elle subissait une extinction de voix. Elle s’est toutefois repris en 2003 au Festival en chanson de Petite-Vallée, puis à Granby. Cela demande beaucoup de gestion de la part de son équipe, mais elle roule réellement sa bosse autant en chanson qu’à la télé ou au cinéma, et ce, depuis toujours. 

L’influence du cinéma

«J’aime beaucoup composer pour le cinéma. L’image, ça me fait décoller, ça me fait complètement sortir de mes patterns. Je pense que je me sens beaucoup plus libre de composer pour un film. Étonnamment, c’est comme si ça m’enfermait moins, ce ne sont pas mes mots, ce ne sont pas mes images». Plus libre que lorsque vient le temps de créer à partir de zéro, un projet qui sera totalement le sien, sans restrictions d’images ou de réalisateur? «La page blanche, c’est pas vrai ça. Oui, mais on a tous nos patterns, ou la façon dont on met de la musique sur nos propres mots. Je sens que j’ai ma façon de faire, j’ai comme ma trail qui est pas mal tracée. Mais par contre, quand tu fais de la musique pour quelqu’un d’autre ou pour un autre projet, tout ça éclate. Il n’y en a plus de patterns, il s’agit juste de faire de la musique», a expliqué celle qui ne se verrait pas assumer une chanson pop à la Lady Gaga pour son projet solo, mais qui aimerait en faire une, et qui verrait cela possible dans un projet de film, par exemple.

Il est vrai qu’il y a sur Le couloir des ouragans une certaine homogénéité au niveau de la voix, qui se veut tout en retenue et en sobriété: «Je pense que le premier album, c’est plus la comédienne de théâtre: je vais te chanter une affaire, puis tu vas tout voir dans ta tête, mais je vais un petit peu t’imposer ce que tu vas voir. C’est rien contre le théâtre, mais c’est beaucoup plus gros. Tandis que là, le deuxième album, je pense que c’est plus cinéma. Quand tu joues au cinéma, les réalisateurs te demandent tout le temps de «jouer plus petit, plus petit, plus petit», alors je pense que cet album-là, c’est plus petit», afin de laisser, justement, la chance aux auditeurs de se créer un peu plus leur propre histoire. 

Prendre son temps

Ce qu’elle aime moins, par contre, c’est d’écrire. «Il faut que je sois assez disciplinée, parce que je ne suis pas du genre qui traîne un calepin dans sa sacoche. Il faut vraiment que je m’arrête, que je prenne un temps pour le faire. C’est bien tricky pour moi, c’est souffrant un petit peu, écrire», a-t-elle expliqué avant d’avouer que lorsque des gens lui offrent des chansons, elle accepte souvent avec soulagement puisque c’en est une de moins à écrire.

Il n’en demeure pas moins qu’elle en écrit, des paroles, même si «le flow créatif musical est beaucoup plus fluide pour [elle] que le flow d’écriture», qu’elle met d’ailleurs en musique et qu’elle interprète. Elle compose aussi de la musique pour des films, comme pour le prochain de Rafaël Ouellet, Gurov&Anna, et pour des pièces de théâtre, comme les Contes Urbains, présentés avant Noël au Théâtre La Licorne, qu’elle va ensuite interpréter. Elle participe aussi au groupe folk Mentana, qui sortira un premier EP à l’automne, sur lequel elle interprète le piano et des voix. Et elle interprète des personnages, à la télévision et sur les écrans géants.

Mais Viviane Audet est plus qu’une interprète: c’est une passionnée qui n’a pas peur d’aller au bout de ses rêves. Mêmes si «rêves» est au pluriel, dans des domaines différents et qu’elle doit y consacrer beaucoup de temps. «Moi j’avais envie qu’il sorte il y a trois ans, l’album. Mais malgré que j’avais envie que ça sorte, je ne me sentais pas dans l’urgence. Je pense que ça s’entend que ce n’est pas un disque qui s’est fait stressé. Je voulais juste prendre le temps de créer».

L’album Le couloir des ouragans de Viviane Audet est disponible en magasin dès le 11 février 2014. Pour plus d’information à propos de ses nombreux projets, consultez le www.vivianeaudet.com.

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