Entrevue avec Salomé Leclerc – Bible urbaine

MusiqueEntrevues

Entrevue avec Salomé Leclerc

Entrevue avec Salomé Leclerc

L’auteure-compositrice-interprète instinctive nous jase de «27 fois l'aurore»

Publié le 25 septembre 2014 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Alice Côté Dupuis

Il n’y a aucun hasard dans la réussite de Salomé Leclerc; il n’y a que de bonnes décisions. Des décisions qui sont parfois tout à fait spontanées, d’autres mûries depuis longtemps, mais toujours cohérentes avec l’artiste qu’elle est. À l’occasion de la parution de sa deuxième offrande, 27 fois l’aurore, l’auteure-compositrice-interprète nous explique l’importance de l’intuition, de l’instinct et du «feeling» dans sa création.

«Vu que je touche à plein d’affaires, je ne fais rien de très bien, mais de cette manière-là, il y a l’instinct bien gros qui embarque. Quand je m’assois au drum et que je joue un peu comme ça me vient, ça ne ressemble à rien de formaté. C’est juste à l’oreille, juste au feeling que j’y vais, et cet instinct-là, je pense que ça fait beaucoup la couleur de l’album», lance d’emblée la musicienne pour expliquer sa façon de créer des chansons. L’artiste enregistre d’abord des maquettes à la maison au clavier et à la batterie, «juste pour graver les idées», puis transpose ces sons en studio.

Avec Philippe Brault à la co-réalisation de l’album, la chanteuse avait réservé un mois et demi de studio, durant lesquels les deux complices se sont retrouvés à raison de trois ou quatre jours par semaine, la plupart du temps seuls. Ensemble, ils ont élaboré le son du deuxième opus. «Quand j’ai sorti l’album Sous les arbres, déjà, je n’écoutais plus vraiment de folk. J’étais déjà ailleurs, et ce que j’écoutais, c’était beaucoup plus des bands comme Beach House, un peu électro, acoustique, un mélange des deux. Alors, c’était une volonté, on en a discuté avec Philippe, de ne pas refaire le même disque. Je voulais des couleurs différentes, et je voulais surtout des couleurs qui me parlaient».

Les deux musiciens ont enregistré la majorité des instruments à eux deux, mais l’artiste a tout de même retrouvé quelques jours ses amis musiciens qui l’accompagnent depuis le premier projet: José Major, pour certains passages de percussions ou de batterie, et Benoît Rocheleau, pour ses cuivres dont ni Leclerc ni Brault ne savent jouer. «On a mis des brass, on a remis ça avec plein d’autres cuivres, mais on les a traités beaucoup plus. Je voulais que ça sonne, je voulais que chaque son, chaque élément dans la chanson ait vraiment sa place, et me concentrer sur le ton de chaque élément dans la chanson», a laissé tomber celle qui avoue que son côté musical est beaucoup plus développé que son côté auteure, et que le premier commence à prendre le dessus sur le second.

Salome-Leclerc-27-fois-l-aurore-Bible-Urbaine-Critique

Qu’à cela ne tienne, les textes de Leclerc sont incontestablement plus révélateurs sur 27 fois l’aurore que sur le premier disque, et il y avait derrière cela une volonté consciente d’auteure. «Ça a été long avant que je me mette à écrire quelque chose de bon. Je voulais peut-être moins faire d’images ou moins mettre de flou, de brume autour. «Le bon moment», c’est peut-être une des plus révélatrices du disque, et je pense des deux disques réunis ensemble», a-t-elle admis, même si elle avoue ne pas se faire de plans et être parfois incapable d’expliquer le sens précis de ses paroles.

C’est malgré tout son côté musical qui a insisté pour que ce deuxième opus respire davantage que le premier. En réponse aux références aux longues envolées instrumentales qui meublent la plupart des fins de ses nouvelles chansons, elle ajoute: «Je voulais qu’il y ait des pauses de voix, des pauses de mots intenses, pour permettre à l’auditeur d’absorber un peu ce que je viens de dire. J’avais pensé à une chanson instrumentale sur ce disque-là, puis je me suis dit que d’inclure un instrumental à l’intérieur des chansons elles-mêmes permettrait justement à l’espace de se créer». Il faut admettre, de plus, qu’en spectacle, ces élans instrumentaux sont particulièrement intéressants, car ils permettent aux musiciens de se laisser aller «et de sortir de la structure couplet-refrain-couplet-refrain-fin de la chanson dans laquelle il n’y a pas eu de solo».

Si déjà la musicienne espère collaborer à nouveau avec Philippe Brault, dont l’avis et les conseils lui semblent toujours pertinents, pour un troisième disque, elle ouvre aussi la porte à un autre changement de son, possiblement plus rock. Celle qui s’inspire notamment de la Britannique PJ Harvey donnera donc vraisemblablement raison aux gens qui la comparent à cette «artiste qui va rester fidèle à elle-même, mais qui va toujours explorer, un peu comme Ariane Moffatt, je trouve, au Québec. Tu ne sais pas trop à quoi t’attendre du prochain, mais c’est tout le temps bon, mais c’est tout le temps différent». On verra où son instinct la mènera en temps et lieu, mais il l’a pour l’instant menée à un sublime deuxième album plus atmosphérique, «un album d’automne, un album de boule intérieure», paru le 23 septembre, et déjà encensé par la critique.

Vos commentaires

Revenir au début