Entrevue avec Marcie – Bible urbaine

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Entrevue avec Marcie

Entrevue avec Marcie

L’auteure-compositrice-interprète qui relève tous les défis

Publié le 1 mai 2013 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Marianne Charland

Donner une entrevue à Bible urbaine puis au journal Le Métro avant de passer l’après-midi en tournage avec Sirius XM pour leurs fameuses capsules, c’est possible? Pour la pétillante Marcie, 22 ans et au parcours déjà impressionnant, oui.

«J’arrive même du Jean Coutu, fallait que je m’achète du maquillage pour le tournage, tsé, ça passe aussi dans les cinémas ces affaires-là, faut que j’sois belle!» Affichant un sourire timide en prenant place à la table, la Saguenéenne est visiblement contente d’enfin débuter la promotion de son album à paraître le 7 mai prochain, tout simplement intitulé Marcie.

Après sa Bourse Objectif Scène, son statut de Coup de cœur à Vue sur la Relève, les Entrées en Scène Loto-Québec, le Festival de la chanson de St-Ambroise, l’École nationale de la Chanson de Granby, un atelier d’écriture avec Gilles Vigneault à Natashquan, le Festival en chanson de Petite-Vallée où elle a remporté cinq prix majeurs et Pully-Lavaux à l’Heure du Québec, en Suisse, qui l’a sacrée Révélation de l’édition, ce sont les finales des Francouvertes qui attendent Marcie le 13 mai prochain.

De tous les concours et festivals, cette Montréalaise d’adoption n’a pas peur des défis, ils la motivent plutôt. C’est d’ailleurs avec des contraintes que l’auteure a commencé à écrire ce qui allait devenir des chansons, à 16-17 ans, dans des soirées poésie. «Il y avait des thèmes à tous les deux mois, puis j’ai fait mes premières tounes comme exprès pour ça. En fait, c’étaient des soirées poésie, mais je pense que j’étais trop gênée de faire juste des poèmes, alors je faisais des chansons.»

Motivée par l’accueil chaleureux qu’elle a reçu à tous ses événements, Marcie a d’abord enregistré un EP lancé à l’automne 2011, nommé Les choses de la vie selon Marcie. C’est son prix au Festival de St-Ambroise qui lui donnera l’occasion d’enregistrer au studio Champoux de Québec ce qui devait être quatre chansons, mais qui en sera finalement neuf. «Vu qu’il y avait une couple de tounes voix-guitare puis que c’était simple, on a dit ‘‘On en a plus, on va en faire plus, tant qu’à y être!’’ C’est pour ça que ça a fini par faire un long album, mais c’était un album très spontané, disons». Ça ne sera pas la seule décision impulsive de la sorte que fera Marcie, celle-là même qui a annoncé la date de parution de son premier album officiel avant même d’entrer en studio. «Avant même de booker le studio, je pense, même. On s’est challengé pas mal!»

Avec Ludo Pin à la réalisation – pour la première fois sur un album autre que le sien – Marianne Charland pour la première fois en tant que photographe d’album de musique, et une graphiste également à sa première collaboration pour un disque, Marcie aurait pu frapper un mur. «Il a vraiment été fait vite en fait, mais je pense que c’est un avantage d’avoir travaillé comme dans la fébrilité aussi comme ça. Ça ne nous a donné aucune attente ou aucun stress par rapport à ça, on est tous en essai, ce sont toutes des premières fois, alors on n’a rien à perdre, on peut juste avoir du fun puis faire quelque chose de cool parce que c’est du monde smath puis talentueux. J’me suis dit que ça pouvait pas donner quelque chose de terrible.»

Cette amoureuse des mots, des rimes et des sonorités a pourtant fait un travail très minutieux avant d’entrer en studio. Pour la chanson «Avant l’aube», qu’elle a créée avec la structure de «Les gens qui doutent» d’Anne Sylvestre, elle s’était fait un canevas de couplets par groupes de trois, avec des rimes en A-A-B plutôt que le traditionnel A-B-A-B. «J’aime bien ce travail-là, c’est un peu nerds en même temps, mais souvent, ça permet de sortir des sentiers battus aussi, ben de moi-même en tout cas.»

Celle qui avoue avoir de la facilité à écrire à propos de peine d’amours, «des émotions qui sont super impulsives», pousse cependant plus loin l’audace et le courage dans son processus d’écriture. Pour «Prends garde aux sirènes», «j’avais ouvert une bande dessinée qui parlait d’agriculture en France, pis il y avait comme des sirènes de police quelque part, alors je suis tombée sur sirène, en pointant une page, comme ça, puis il y a plusieurs mots en fait qui sont dans la chanson, il y a sirène, après il y a enfuir, je pense. Il y a quelques mots qui sont pris dans la BD, puis j’me suis dit ‘‘Je fais une chanson avec ces mots-là’’.»

Il n’y a pas à dire, autant dans ses décisions que dans sa création, Marcie est cohérente avec l’interprète théâtrale et intense qu’elle est. À l’École de la chanson de Granby, qui lui a donné du temps pour faire de la musique constamment, ce qui, par la force des choses, l’a fait progresser, elle a l’impression d’avoir assumé un style un peu plus poétique, délaissant quelque peu les chansons comiques.

Elle n’a toutefois rien perdu de son charmant côté spontané. «Moi je suis très ad lib dans mon affaire, tsé, je vais souvent faire des ralentis, par exemple, quand je suis toute seule. Justement, Ludo [Pin] m’a apporté ça, aussi, de me mettre un cadre. Je pensais que ça allait me restreindre, mais au contraire, ça me permet comme de flotter au-dessus de la structure.» Elle a donc dû faire quelques adaptations en travaillant avec Ludo Pin, comme les hand claps sur «Avant l’aube», («Mon Dieu, moi je l’avais pas composée dans cet état d’esprit-là!») mais, au final, ce qu’elle pensait qui allait la renfermer lui a au contraire ouvert plein de possibilités et elle est dorénavant plus indépendante de son chant; elle avoue avoir beaucoup plus de plaisir à interpréter.

C’est que Marcie assume sans doute beaucoup plus ses textes aussi, qui ne se veulent plus limités ou censurés par des blagues. Le tout forme un album plus «adulte, quelque chose d’un peu plus torturé, moins cutie», comme le voulait Ludo Pin, contenant des textes soignés à la poésie singulière. Elle veut maintenant «montrer les choses comme elles le sont. Puis quand elles sont tristes ou nostalgiques, bien… qu’elles le soient!». Elle pourrait aisément revenir aux textes humoristiques, toutefois, si quelqu’un lui lançait le défi d’écrire une chanson avec un mot particulier… «Tant que c’est pas Zimbabwe! Ben quoique, hein, ça se pourrait!»

Marcie lancera son album homonyme exclusivement à Jonquière le 3 mai prochain puis partout au Québec à partir du 7 mai. Le lancement montréalais s’effectuera au Cabaret Lion d’Or en pareille date et au Petit Champlain de Québec le 9 mai.

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