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Crédit photo : Cesare Ciccardini
«C’est probablement mon album le plus riche et le plus abouti, mais avec un orchestre, c’est toujours facile d’exagérer. C’est comme lorsque tu prépares un dessert, parfois trop c’est trop», nous a confié le pianiste milanais, non sans une certaine pointe d’humour. Réflexion sur le temps, sur le vécu et sur les émotions profondes qui alimentent le quotidien, ce onzième album du compositeur italien, dont le nom est sur toutes les lèvres depuis la sortie du film Intouchables d’Éric Toledano et Olivier Nakache, est aussi son plus orchestral à ce jour.
L’édition de luxe comporte de fait dix-neuf pièces et, malgré le caractère très intime de l’opus, Ludovico Einaudi n’a pas du tout l’impression d’avoir projeté son vécu ou ses émotions à travers ses compositions: «In a Time Lapse est en fait une réflexion sur le temps. Nous voyageons toujours très rapidement, adoptant l’avion plutôt que la marche, et l’album s’est justement bâti autour de l’idée qu’il est possible de s’arrêter et de contempler chaque détail qui nous entoure. Nous pouvons être connectés avec notre environnement; il s’agit d’y penser et de s’arrêter.»
Ses compositions, toujours aussi douces que le velours, sont parsemées de légères textures électroniques qui donnent tout le poids à cette musique classique à caractère contemplatif et cinématographique. «Le résultat final est meilleur. Les textures électroniques, faites par ordinateur, me permettent de toujours trouver le son recherché, en plus de colorer mes mélodies.» In a Time Lapse est en fait un melting-pot de ses trois albums phares, Le Onde (2004), Nightbook (2009) et Divenire (2011), puisque les nouvelles mélodies oscillent sans cesse entre le calme et l’agitation, l’orchestration classique et les textures électroniques, avec pour résultat cette fois-ci un travail de longue haleine et des moments d’agitations plus ressentis.
Avec plus de soixante concerts à son actif dans les derniers mois, Ludovico Einaudi est un artiste très occupé qui n’a pas réellement eu l’occasion de réaliser d’autres projets en parallèle. Cela ne l’empêche pas, par contre, de savourer les petits moments de la vie, notamment en écoutant Bach, son idole: «Ses compositions sont un mélange entre les émotions humaines et les moments spirituels de la vie. On y retrouve une mathématique complexe et une richesse surnaturelle dont j’admire sans cesse le résultat.»
Cet apôtre de Bach, qui avait profité de sa dernière visite au Oscar Peterson Hall pour visiter amis et artistes, sera de retour en territoire montréalais ce jeudi à la salle Pierre-Mercure de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) avec un orchestre classique de dix musiciens, dont huit à cordes.