MusiqueEntrevues
Crédit photo : Nic Cantin
C’est les 6 et 7 février à la Place des Arts de Montréal et les 18 et 19 février au Grand Théâtre de Québec que l’artiste de Québec, en compagnie d’une troupe de 10 musiciens, adaptera pour la grande scène les 24 pièces qui composent son album le plus dense et ambitieux à ce jour, qu’il jouera dans son intégralité et toute sa splendeur ces quatre soirs-là. À point pour l’hiver québécois, vif et froid, son plus récent opus, Le voyage d’hiver, entraînera le spectateur sur les traces du poète Wilhelm Müller et du compositeur classique Franz Schubert, tous deux décédés l’année ayant suivi la création de la Winterreise.
«C’est quand même fou, les deux sont morts l’année suivante. Durant un instant, je me suis demandé si c’était là mon destin à moi aussi (rires). Sans farces, il y avait, depuis longtemps, quelque chose que j’aimais dans ce cycle d’hiver de Schubert. J’écoutais ces pièces-là dans ma voiture, en plein bouchon de la circulation, gueulant n’importe quoi par-dessus, et je me suis dit qu’il serait super intéressant de réécrire tous les textes, à ma sauce.» Kouna a donc décidé de garder la ligne mélodique de l’œuvre lyrique, tout en conservant les thèmes de l’époque romantique, notamment l’errance, la nature, le désespoir, la peine d’amour, la mort et l’hiver, bien sûr, afin de l’adapter à l’air libre, à l’air de son temps.
Et en plus, c’est un peu par hasard qu’il s’est lancé corps et âme dans ce projet d’envergure, peaufinant ici et là ses maquettes comme un disque de chevet, jusqu’au jour où le réalisateur René Lussier (Robert Lepage, Richard Desjardins) et ses musiciens ont accepté de lui prêter main-forte. «C’était dur, au départ, de trouver des partenaires pour embarquer dans le projet. Mais les musiciens ont vite trouvé l’idée intéressante, et quand on a mis la main sur le réalisateur, là on a mis la pédale au fond et on a peaufiné le tout.» Après 4 années de travail, à travers lesquelles Keith Kouna a enregistré Du plaisir et des bombes et organisé des shows, tout en travaillant sur Le voyage d’hiver, le voilà finalement fin prêt à présenter sa version de la Winterreise.
Petit objet d’art en soi, puisque l’album vient avec un livret-concept dans lequel l’artiste-peintre Marie-Pascale Hardy, aujourd’hui établie à Londres, a réalisé 24 toiles accompagnant les 24 textes. «C’est également elle qui a réalisé les deux pochettes de mes albums précédents, Les années monsieur et Du plaisir et des bombes, c’est un gros livret, et beau en plus! C’est une succession de toiles épurées, hivernales et homogènes, bref à l’image de l’ambiance générale.» D’ailleurs, Keith Kouna nous a annoncé que les 24 toiles seront exposées sur les murs de la Place des Arts les jours du spectacle.
Et, c’est justement à une odyssée de 80 minutes tout en musique à laquelle seront conviés les spectateurs, sans flafla ni discussion, Keith Kouna n’a pas l’intention de s’adresser à la foule, sauf par ce qu’il sait le mieux faire: procurer le frisson avec sa voix de stentor. Avec, en prime, la présence d’un décor et d’une danseuse, il ne fait aucun doute que ce «chapelet de pièces tristes», pour reprendre ses mots, bien à lui, vous transportera ailleurs, l’espace d’une soirée.
Pour plus d’information ou pour acheter vos billets, visitez le site de la Place des Arts à l’adresse suivante: www.placedesarts.com/spectacles/keith-kouna-le-voyage-d-hiver.