Entrevue avec Grand Corps Malade pour la sortie de son quatrième album «Funambule» – Bible urbaine

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Entrevue avec Grand Corps Malade pour la sortie de son quatrième album «Funambule»

Entrevue avec Grand Corps Malade pour la sortie de son quatrième album «Funambule»

Trouver l’équilibre

Publié le 13 janvier 2014 par Camille Masbourian

Crédit photo : zlphotography.com

Si on m’avait dit, la fois où je suis rentré dans un petit bar pour faire du slam pour la première fois, que dix ans plus tard j’aurais fait quatre albums et des tournées partout dans le monde, j’aurais dit "tu es fou!, rigole Grand Corps Malade de passage à Montréal en décembre dernier pour présenter Funambule, son quatrième album. Loin de faire un bilan négatif des dix dernières années et de son succès précoce, Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, garde tout de même la tête froide et revient constamment sur cette notion d’équilibre très importante dans sa vie.

«L’équilibre entre plein de choses. L’équilibre dans la nature, déjà, il faut de la pluie et du soleil pour que les fleurs puissent pousser, il faut de la force et de l’adresse pour qu’un enfant se mette debout. Voilà, c’est ce que je dis dans le titre. Après, il y a l’équilibre entre bitume et tapis rouge. Je viens d’un milieu plutôt populaire et aujourd’hui, je suis amené à côtoyer le milieu des strass et paillettes. J’ai besoin d’un équilibre. Je ne peux pas partir complètement d’un côté, j’ai besoin de rester sur mes bases. Cette notion d’équilibre, elle est présente à plusieurs niveaux, et pour tout le monde. Donc voilà, je trouvais que c’était intéressant que ce soit ce titre-là qui donne son nom à l’album», explique Grand Corps Malade.

Il dit être assez vigilant face à cette soudaine popularité qui lui est presque tombée dessus il y a quelques années. Pour cela, il donne notamment des ateliers de slam et des concerts dans des prisons. «C’est une manière de garder cet équilibre, de ne pas être que dans le monde artistique. Ce sont des rencontres qui découlent de ces ateliers, des moments forts qui permettent de garder les pieds sur terre, de garder un contact avec la réalité.»

Une de ces rencontres est celle avec Laurent Jacqua, qui a inspiré le texte «Le bout du tunnel», qu’on peut entendre sur Funambule. Quand Grand Corps Malade parle de Laurent Jacqua, aujourd’hui devenu un ami, il utilise le mot «incroyable» à répétition. «Je l’ai rencontré dans une prison après un concert et il m’a raconté un peu son histoire incroyable. Aujourd’hui, c’est devenu un proche et je lui ai demandé la permission d’écrire sur son histoire. Vingt-cinq ans de prison, séropositif, braquages, évasion, retour en prison… C’est un film! Et il n’est pas une victime, il le dit lui-même. Il n’était pas un enfant de chœur, il a tué un homme, même si c’était de la légitime défense. Il n’a été victime que d’un système, le système carcéral. Au départ, il a pris dix ans, au final il en purgé vingt-cinq. Il est tombé dans tous les pièges, la spirale de la violence, mais grâce à l’écriture il s’en sort. C’est une histoire folle que j’avais envie de raconter.» Une excellente idée, puisque ce texte est au final l’un des plus beaux et surtout l’un des plus poignants de l’album, probablement à égalité avec «Te manquer», interprétée en duo avec Sandra Nkaké.

Des duos, il y en a trois sur cet album. Avec Sandra Nkaké d’abord, mais également avec Richard Bohringer (avec qui il a co-écrit le texte de «La course contre la honte») et Francis Cabrel. Grand Corps Malade parle de ces collaborations comme «des collaborations qui ont d’abord du sens. Ce sont des rencontres, des discussions qui donnent lieu à des envies de duos. Ce ne sont pas des duos marketing pour créer un buzz sur l’album. Cabrel, c’est un titre que j’ai écrit il y a plus d’un an, un duo qu’on a déjà fait sur scène, et quelques mois plus tard on s’est dit que ce serait bien de le mettre sur l’album. Mais on se connaissait déjà, quoi. Aznavour (sur 3ième temps), c’était pareil. Il est venu au spectacle plusieurs fois, on parlait d’écriture ensemble. Je le connaissais depuis plusieurs années avant de faire ce duo. Parce qu’en fait, ce sont d’abord des rencontres humaines avant que ça devienne des duos.» Si «Te manquer» est l’un des meilleurs textes de l’album, «La traversée», interprétée avec Francis Cabrel, tombe malheureusement un peu à plat.

Appuyé par Ibrahim Malouf, qui a composé et réalisé l’album, Grand Corps Malade revient avec un opus plus fort que son précédent, dans lequel il présentait des textes soutenus par une musique de plus en plus présente. À mi-chemin entre le slam de ses deux premiers albums et des «vraies» chansons, il propose cette fois-ci des arrangements plus recherchés et plus travaillés. Par contre, la vraie force de Fabien Marsaud se trouve dans les paroles des textes, dans le jeu avec les mots et les rimes, puis dans les figures de style. Pour le prochain album, on souhaite encore plus de textes à la hauteur de «Le bout du tunnel», «Te manquer», «Au théâtre» et «J’ai mis des mots».

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