«Elysia Crampton presents: Demon City» d’Elysia Crampton – Bible urbaine

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«Elysia Crampton presents: Demon City» d’Elysia Crampton

«Elysia Crampton presents: Demon City» d’Elysia Crampton

Musicienne moderne et activiste introspective

Publié le 2 août 2016 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Break World

Elysia Crampton est une musicienne, écrivaine et abolitionniste d’origine bolivienne et américaine. Elle est aussi une réalisatrice qui offre une techno résolument moderne, voire bien réfléchie. Après un premier EP qui a charmé grâce à sa qualité futuriste, l’artiste nous offre une deuxième offrande qui souligne une évolution très intéressante sur le plan artistique.

Elysia Crampton commença sa carrière musicale sous le pseudonyme E+E. Cependant, elle se réappropriât son nom lorsqu’elle sentit le besoin de redéfinir ses aspirations musicales. Elle fait paraître un premier EP intitulé American Drift, qui a séduit les critiques, ceux-ci lui attribuant l’étiquette techno futuriste.

Elysia Crampton presents: Demon City est son deuxième album. Il est moins organique que son prédécesseur, mais il présente autant de textures différentes. Ce nouvel opus s’éloigne du concept de type collage, réunissant des éléments pop et R&B disparates, et marque une coupure dans le style de Crampton. Demon City offre une ambiance plus intersidérale et des tonalités beaucoup plus subtiles.

Autrement dit, l’album ne sonne pas aussi commercial (ou plutôt, encore moins commercial) et forme une entité plus fluide et unifiée qui s’écoute très bien du début à la fin. Les sonorités légèrement artificielles procurent, étonnamment, une humeur contemplative, mais aussi un sentiment de lucidité. De plus, il n’y a pas de parole dans ses chansons, mis à part quelques sons vocaux, essentiellement des rires, en boucle. L’effet est saisissant, voire épeurant.

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«Irreducible Horizon» et «Children of Hell» sont davantage hip-hop, tandis que «Red Eyez» se rapproche du jungle. «After Woman» est rythmée, électro, effrayante par moments, et délicieusement cacophonique. Pour sa part, «Dummy Track», qui également très rythmée, dont les sons et les échantillons évoquent la jungle, est très intéressante. «Demon City» semble être l’équivalent sonore d’une remise en question et tombe dans le registre du trip-hop industriel alors qu’«Esposas», avec ses violons, est le titre hop la vie de cette courte offrande (7 chansons seulement).

La musique d’Elysia Crampton peut apparaître plus profonde que la musique dance ou techno que nous avons l’habitude d’entendre, et cela peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit d’un effort volontaire de la musicienne, qui ne veut pas être associée à la musique de clubs. En approfondissant un peu plus, on découvre les intérêts de Crampton, qui puise ses inspirations autant dans les propos de l’abolitionniste Frederick Douglass que ceux de l’activiste transgenre Lohana Berkins. Elle explore donc les thèmes de la violence associée au colonialisme contemporain, le déracinement et l’identité.

Cette artiste originale offre une musique vraiment intéressante, ce disque pourra facilement devenir l’un de vos coups de cœur, si vous aimez le techno plus dense et posé. À écouter.

 

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