Dis-moi ce que tu portes, je te dirai ce que tu écoutes?

Eh bien… Oui et non.

Plusieurs artistes sont autant reconnus pour leur art que leur beauté ou leur style vestimentaire. Une belle apparence physique a certainement été un avantage pour des artistes tels que Beyoncé et Usher. Tous les deux ont un don inné pour la musique, les rythmes contagieux et les paroles accrocheuses. Ils sont d’excellents danseurs et sont toujours bien vêtus. Mais ils sont aussi reconnus pour leur beauté.

Tandis que l’ancienne membre de Destiny’s Child a une équipe et un contrôle absolu de son image, et ce, dans l’optique de créer un héritage, Usher semble avoir une approche plus décontractée; il aime la mode et prend plaisir à trouver des vêtements qui ont un certain flair. De plus, son physique athlétique (lire les nombreuses photos de ses abdominaux et la fameuse routine de déchirer son chandail pendant les concerts) et son sourire éclatant (peut-être se permet-il des séances de blanchiment des dents dans une clinique dentaire?) furent utilisés abondamment pour promouvoir sa musique.

D’autres musiciens préfèrent un style personnel atypique plutôt que de suivre la mode. C’est le cas de Marilyn Manson et Melanie Martinez qui s’habillent afin de donner vie à un personnage qui illustre ce qu’ils tentent de raconter avec leur musique. Ils y parviennent grâce à leur souci du détail et il est parfois difficile de distinguer le personnage de la vraie personne. Ce qui n’est pas une mauvaise chose, au contraire, car cela solidifie le mythe qu’ils construisent avec autant de détermination.

Dans le cas de Lady Gaga, son style original et unique est tellement imposant que l’on oublie qu’elle compose, est une pianiste accomplie et possède une voix juste et solide. On se souvient surtout de sa robe faite de morceaux de viande crue. Pour les fashonistas tels que Madonna et David Bowie, le but est d’être des précurseurs, de trouver quelque chose qu’aucun artiste n’a fait auparavant et de se l’approprier. Par ailleurs, ces looks distincts appartiennent désormais à la culture populaire; le corset utilisé pour le clip de Vogue et la période Ziggy Stardust sont des artefacts d’une époque définie dans le temps.

En fait, l’impact d’un style original, incorporé dans un spectacle, crée une marque de commerce pour l’artiste et une expérience plus complète pour les fans. Un concert de KISS, Alice Cooper ou Slipknot SANS le maquillage et les costumes ne seraient la même chose (et le monde serait un endroit beaucoup plus ennuyeux).

De plus, un style qui se démarque et qui s’inscrit dans un courant culturel permet aux admirateurs de se bâtir une identité, mais aussi d’éprouver un sentiment d’appartenance sociale, culturelle et temporelle. En effet, pour les fans d’emo, de métal, de gothique ou encore de hip-hop, il est toujours satisfaisant d’arriver quelque part et de reconnaître des pairs. Aller à HEAVY MONTRÉAL et voir des gens vêtus de cuir procurent un sentiment d’être parmi les siens, pour un métalleux, et revoir les photos de l’ère des raves, avec ses habits colorés, les brillants sur le visage et le glow stick autour du cou permet de réaliser que l’on a fait partie d’un mouvement.

Par contre, il y a fort à parier que des groupes comme One Direction et Fifth Harmony ne vont pas entrer dans l’histoire de la musique pour leur son novateur ou recherché. Les formations Nirvana et Pearl Jam (qui ont fui les médias et la promotion à outrance) ont déjà sécurisé leur place tandis que les rappeurs Kendrick Lamar et Frank Ocean sont, pour leur part, de merveilleux exemples d’artistes marquants en devenir. Malgré de savants plans marketing, l’intégrité de l’œuvre prime, et les mélomanes le ressentent.

Comme l’a si bien dit Adele au Rolling Stone: «Je ne fais pas de la musique pour les yeux, je fais de la musique pour les oreilles». Les impératifs de la beauté nous font parfois oublier le contenu artistique lorsqu’il s’agit de la promotion d’un artiste. Cependant, plusieurs styles différents nous permettent de varier ce que l’on écoute, de trouver un artiste qui comble nos divers besoins, en fonction de notre humeur du moment.